Je dirais que le bilan est mitigé, d'autant plus que ce programme-là n'a pas pu booster, en fonction du potentiel des différents pays, le flot des exportations. Parce qu'il faut rappeler que les objectifs de l'AGOA, étaient de promouvoir l'augmentation du commerce et des investissements entre les États-Unis et les pays africains au sud du Sahara, de promouvoir le développement économique et les réformes en Afrique subsaharienne, de promouvoir un plus grand accès aux opportunités aux investisseurs américains et aux entreprises africaines au sud du Sahara. Je dirais que le programme AGOA est un programme essentiellement unilatéral. Je l'ai dit sur plusieurs plateaux de télévision....
Unilatéral ?
Cela veut simplement dire que ce sont les États-Unis d'Amérique qui décident de l'éligibilité des pays bénéficiaires. D'accord ? Cela veut dire qu'il y a des critères d'éligibilité, comme vous l'avez dit....
... Il faut respecter les droits de l'homme, les normes du travail et l'État de droit.
La gouvernance, la démocratie, l'inclusion sociale et tout ça. D'accord ? Mais étant donné que c'est un programme de coopération, les clauses, pour moi, contractuelles doivent être négociées de part et d'autre. D'accord ? Et c'est ce qui a fait que ce programme, selon moi, n'a pas pu atteindre pleinement son potentiel, parce que les concepteurs, qui sont essentiellement américains, élaborent le programme sur la base de leur vision, de leur paradigme. Et pour moi, je pense que les pays africains, ayant des aspects comme nous autres et d'autres personnes, peuvent également jouer un rôle critique pour faire un retour par rapport au contexte dans lequel ce programme-là doit être déroulé.
Certains pays africains espèrent justement que cet accord sera prolongé, notamment les pays producteurs de textiles qu'on appelle les 5 T : le Kenya, la Tanzanie, l'île Maurice, le Lesotho et Madagascar... L'AGOA aurait-elle créé une dépendance de ces pays au marché américain ?
Je ne dirais pas de la dépendance dans la mesure où ces pays africains n’ont pas un seul partenaire, les États-Unis. Et même, je suis un peu plus critique dans mon livre, d'autant plus que les États-Unis viennent souvent même en troisième position, voire en quatrième position, en termes de partenariat.
J'ai, par exemple, le tableau qui parle des pays destinataires et principaux pays investisseurs. Quand nous prenons le cas, par exemple, de l'Afrique du Sud, les États-Unis viennent en troisième position derrière la Chine.
Prenons par exemple la Côte d'Ivoire : des chiffres de 2020 montrent clairement que les États-Unis, pour le cas de la Côte d'Ivoire, viennent en sixième position. Ils ne sont pas dépendants.
Ce que nous disons pour le bonheur des pays africains, c'est de voir quelles sont les possibilités de coopération, les opportunités, on va le dire comme ça, que ces pays africains peuvent tirer au maximum.
Le marché américain est assez vaste, c'est 54 États, et donc les pays africains doivent voir comment est-ce qu’ils peuvent non seulement
diversifier les exportations. Parce que quand on regarde l'essentiel des produits qui sont exportés de l'Afrique vers les États-Unis, c'est essentiellement, pour des pays comme le Nigeria, le pétrole.
Pour la Côte d'Ivoire, si on regarde un peu, nous avons le café, le cacao. Alors qu'il y a d'autres matières premières que ces pays-là peuvent donc exporter. Deuxièmement, dans la coopération, ces produits-là ne sont pas à un stade fini, ce qui fait qu'il y a un manque à gagner énorme dans les exportations.
Donc, il y a énormément de freins au niveau de cette coopération qu'il faut pouvoir lever par une bonne stratégie. C'est vrai qu'il y a des stratégies nationales AGOA par pays, mais je pense qu'on doit aller vers une stratégie régionale pour permettre à ces pays — je prends l'exemple du Ghana et de la Côte d'Ivoire, qui sont les pays exportateurs de cacao, les leaders du marché — pourquoi ne pas asseoir une stratégie régionale pour être beaucoup plus compétitifs sur le marché international ?
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