Une “catastrophe” reconnue après la chute d’El-Facher
El-Facher, dernière grande ville du Darfour encore tenue par l’armée soudanaise, est tombée dimanche aux mains des Forces de soutien rapide (FSR), menées par le général Mohamed Hamdane Daglo, dit Hemetti. Après dix-huit mois de siège, la cité est désormais le théâtre d’exactions massives, selon plusieurs organisations humanitaires. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est dite « consternée » par le meurtre de plus de 460 patients et accompagnateurs à la maternité saoudienne d’El-Facher. La Croix-Rouge a dénoncé de son côté des « atrocités horrifiantes » et des « souffrances immenses » infligées aux civils.
The situation in El Fasher, #Darfur is dire.
— United Nations Geneva (@UNGeneva) October 28, 2025
"Protection concerns and protection needs are immense.
We see constant violations of international human rights law and international humanitarian law." - @Refugees pic.twitter.com/VKhmC0C3V1
« Nous sommes désolés pour les habitants d’El-Facher pour la catastrophe qui leur est arrivée, mais la guerre nous a été imposée », a déclaré M. Daglo dans un message diffusé sur sa chaîne Telegram. Le chef des paramilitaires a affirmé que des « commissions d’enquête » avaient été dépêchées sur place, sans préciser leur mandat. Selon le Humanitarian Research Lab de l’université Yale, des images satellite confirment la poursuite des massacres dans les 48 heures suivant la prise d’El-Facher. D’après les autorités pro-armée, plus de 2.000 civils ont été tués depuis dimanche, « les mosquées et les volontaires du Croissant-Rouge » figurant parmi les cibles.
Le Darfour sous contrôle total des FSR
Avec la chute d’El-Facher, les FSR contrôlent désormais la totalité du Darfour, vaste région qui représente près d’un tiers du territoire soudanais. L’armée du général Abdel Fattah al-Burhane, retranchée dans le nord et l’est du pays, perd ainsi un bastion stratégique.
Les communications par satellite sont coupées, à l’exception du réseau Starlink maîtrisé par les FSR, rendant toute vérification indépendante extrêmement difficile. Selon l’ONU, plus de 36.000 personnes ont fui les violences depuis dimanche, rejoignant la périphérie d’El-Facher ou la ville de Tawila, déjà saturée avec plus de 650.000 déplacés. De rares images montrent des familles épuisées portant leurs maigres affaires, certaines installant des tentes dans des conditions précaires.
Un risque de partition et un discours d’“unité”
Alors que les Nations unies mettent en garde contre le risque d’atrocités à motivation ethnique, le spectre des crimes commis dans les années 2000 au Darfour refait surface. Les FSR, issues des milices arabes Janjawid responsables de ces massacres, contrôlent aujourd’hui l’ouest et le sud du pays.
Malgré les inquiétudes, Mohamed Daglo a tenté de présenter la conquête d’El-Facher comme une étape vers la « réconciliation nationale » : « La libération d’El-Facher est une opportunité pour l’unité du Soudan. L’unité du Soudan par la paix ou par la guerre », a-t-il déclaré.
A lire aussi : Soudan : l’Union européenne dénonce la « brutalité » des paramilitaires et le ciblage ethnique de civils à El Facher
Les pourparlers menés par le “Quad” (États-Unis, Égypte, Émirats arabes unis et Arabie saoudite) restent dans l’impasse. Le général Burhane a refusé toute proposition excluant les deux chefs militaires du futur processus politique.
Pendant ce temps, les armes continuent de parler, alimentées par les soutiens étrangers : les Émirats arabes unis pour les FSR, l’Égypte, l’Arabie saoudite, l’Iran et la Turquie pour l’armée. Une guerre par procuration dont les civils, encore une fois, paient le prix le plus lourd.
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