Un appel à Washington sur fond de rejet d’une nouvelle médiation
Le chef de l’armée soudanaise, Abdel Fattah al-Burhane, a exhorté mercredi le président américain Donald Trump à aider à mettre fin à la guerre qui déchire le Soudan depuis plus de deux ans, tout en rejetant la récente proposition de trêve formulée par le groupe de médiation dit du « Quad » (États-Unis, Émirats arabes unis, Arabie saoudite, Égypte).
Dans une tribune publiée par le Wall Street Journal, le général affirme que « le peuple soudanais se tourne maintenant vers Washington » pour la prochaine étape, appelant Trump à s’appuyer sur « son honnêteté » et à travailler avec les acteurs régionaux « sincèrement engagés pour la paix ». Il dit espérer que le président américain saura résister aux « acteurs étrangers » qui, selon lui, prolongent le conflit — une allusion transparente, bien que non explicitée, aux Émirats arabes unis, régulièrement accusés par l’armée de soutenir les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).
Les Émirats sont soupçonnés de fournir armes, carburant et combattants aux FSR, dirigées par Mohamed Hamdane Daglo, ancien adjoint de Burhane. Abou Dhabi nie catégoriquement ces accusations, malgré plusieurs enquêtes indépendantes et rapports internationaux.
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Des médiateurs jugés « partiaux » et une trêve qualifiée de « pire à ce jour »
Quelques jours auparavant, le général Al-Burhane avait sèchement rejeté la dernière proposition de trêve du « Quad », dont les détails n’ont pas été rendus publics, estimant qu’elle était « inacceptable » et même « la pire à ce jour ». Il reproche notamment au groupe sa composition, qu’il juge « partiale » en raison de la présence des Émirats arabes unis.
Pour Washington, cette trêve représente pourtant une « étape cruciale » vers une reprise du dialogue et une future « transition vers un régime civil », selon Massad Boulos, émissaire du président américain pour l’Afrique. Ce dernier a réitéré mardi, depuis Abou Dhabi, son appel aux deux camps à accepter les termes du cessez-le-feu « sans conditions préalables ».
Dans sa tribune, le chef de l’armée soudanaise maintient sa ligne : il s’agit selon lui de choisir « entre un État souverain » tentant de protéger sa population et une « milice génocidaire », en référence aux FSR, accusées par de nombreuses ONG de graves exactions.
Violences persistantes et accusations croisées
La situation humanitaire au Soudan demeure catastrophique. Les Nations unies parlent de la « pire crise humanitaire au monde », dans un conflit entamé en avril 2023 qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts et provoqué des millions de déplacés.
Amnesty International a accusé mardi les FSR de « crimes de guerre » lors de la prise d’El-Facher fin octobre, citant des témoignages de survivants faisant état d’exécutions sommaires, de viols et d’autres atrocités. La veille, le chef des FSR avait annoncé une trêve humanitaire de trois mois en réponse aux appels de Washington et des médiateurs.
Malgré ces annonces, les combats continuent. L’armée soudanaise accuse les paramilitaires d’avoir lancé mardi un assaut contre une base d’infanterie dans la ville assiégée de Babanusa, au Kordofan, affirmant avoir tué des responsables des FSR et « des centaines de mercenaires ». Ces informations n’ont pas pu être vérifiées de manière indépendante, les communications étant coupées dans la région.
Des efforts diplomatiques sans effet durable
Depuis deux ans, toutes les tentatives de cessez-le-feu ont été violées par les deux camps, rendant caduques les initiatives de paix successives. Malgré l’implication renouvelée de Washington et une pression croissante sur les belligérants, la perspective d’un règlement politique durable apparaît encore lointaine.
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