Alain Juillet : "Les Etats-Unis ne sont pas nos amis"
Alain Juillet : "Les Etats-Unis ne sont pas nos amis"
“Un pays n’a pas d’amis, il n’a que des intérêts”
Réagissant au roman "Nos chers alliés", qui évoque un noyautage du programme d’avion de combat SCAF par des intérêts américains, Alain Juillet rappelle une règle intemporelle des relations internationales. “Je vous citerai une phrase du Général de Gaulle, qu’il avait reprise à Churchill : un pays n’a pas d’ami. On peut avoir des alliés, des partenaires, mais on n’a jamais d’amis. Donc les États-Unis ne sont pas nos amis. Ils défendent leurs intérêts, et c’est tout à fait légitime de leur part.”
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Selon lui, l’ère du président Donald Trump a rendu ces rapports de force plus explicites : “Aujourd’hui, tout se passe de manière cash. Dans certains domaines, il impose la force par tous les moyens. Mais quand il règle ses comptes ailleurs, cela peut aussi nous servir, car cela nous évite de le faire nous-mêmes.” 
“L’intelligence économique, notre meilleure défense”
Longtemps ignorée, l’intelligence économique est devenue un pilier de la souveraineté française, estime Alain Juillet. “Il y a 20 ou 25 ans, on ne savait pas ce que c’était. Depuis 2002, cela s’est implanté. Désormais, nous avons des structures dans les services secrets, la police, les douanes, certains ministères. Elles travaillent pour nous défendre contre les attaques.” 
Pour l’ancien haut responsable auprès du Premier ministre, la guerre économique ne se joue plus seulement sur les marchés, mais aussi sur le terrain du renseignement, de la désinformation et du contrôle technologique. 
“Nos alliés ne nous font pas de cadeaux”
Alain Juillet appelle à rompre avec une vision trop simpliste des menaces extérieures : “Depuis trois ans, on a pris l’habitude de dire : c’est toujours les Russes. Mais nos alliés ne nous font pas de cadeaux. Les Américains, les Allemands, les Anglais... tous défendent leurs intérêts. Et de l’autre côté, les Chinois attaquent très fort.” 
  
Face à cette pression multilatérale, il plaide pour une France capable de “faire face à tout le monde”, dans un monde où la rivalité économique se double d’une compétition technologique et stratégique globale.
L’armée française doit être «prête à un choc dans trois, quatre ans» face à la Russie, qui «peut être tentée de poursuivre la guerre sur notre continent», a affirmé mercredi le chef d’état-major des armées françaises, Fabien Mandon, pour justifier «l’effort de réarmement». pic.twitter.com/79b5V2Nag8
— Le Figaro (@Le_Figaro) October 22, 2025
“Le vrai défi n’est pas la Russie, c’est notre modèle militaire”
Alors que le chef d’état-major des armées, Fabien Mandon, évoquait récemment un possible “choc” avec la Russie dans les prochaines années, Alain Juillet relativise cette menace : “Moi, personnellement, je n’y crois pas du tout. C’est de l’influence, des manœuvres d’influence. Le vrai problème, c’est que l’armée française, on l’a vu avec la guerre en Ukraine, n’est pas capable de mener une guerre conventionnelle.” 
Il appelle à repenser en profondeur le modèle militaire français : “Il faut qu’on apprenne la guerre moderne, avec les drones, avec des techniques différentes. Ce n’est pas contre la Russie qu’il faut se préparer, c’est pour être capable de faire la guerre de demain.” 
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