Sommet UE-UA en Angola : "Au regard de la géopolitique actuelle, il est nécessaire de revoir nos modes de coopération"

Actus. Les pays membres de l'Union européenne et de l'Union africaine se reunissent les 24 et 25 novembre, en Angola, à l'occasion du 7e sommet UE-UA. La fondation Afrique-Europe, qui réunit des acteurs du secteur privé, du monde politique et de la société civile d’Afrique et d’Europe, a publié un rapport (« The State of Africa-Europe 2025 - Financing Our Future »), qui revient sur l’état des relations entre les deux continents et y fait des propositions pour renforcer leur coopération dans différents secteurs comme l'écologie et bâtir un partenariat d'investissements équitables. Holy Ranaivozanany, directrice exécutive adjointe de la fondation Afrique-Europe, était l'invitée d'Africa Radio ce vendredi 21 novembre.

Sommet UE-UA en Angola  : "Au regard de la géopolitique actuelle, il est nécessaire de revoir nos modes de coopération"
Sommet UE-UA 2022, de gauche à droite : Muhammadu BUHARI (président du Nigeria), Ursula VON DER LEYEN (présidente de la Commission européenne), Abdel Fattah EL-SISI (président de l'Égypte), Cyril RAMAPHOSA (Afrique du Sud), Charles MICHEL (président du Conseil européen), Emmanuel MACRON (président de la France), Macky SALL (président du Sénégal), Kaïs SAÏED (Tunisie) - Union européenne

Votre fondation a publié un rapport revenant sur l’état des relations entre l’Europe et l’Afrique en 2025, dans lequel vous faites également des propositions. L’Union européenne est le principal partenaire commercial du continent africain, ainsi qu’un acteur majeur en matière de sécurité. L’Afrique, quant à elle, est le quatrième partenaire commercial de l’Union européenne. L’objectif est d’établir des relations d’égal à égal entre les deux continents. Après 25 ans de coopération, ce but a-t-il été atteint ?

Il faut rappeler que nous sommes, en effet, à un moment charnière dans cette relation. Depuis 25 ans, nous entretenons des échanges et un partenariat qui, aujourd’hui, mérite d’être évalué. Il est important de faire un point d’étape sur ce partenariat avant le sommet à Luanda dans les prochains jours, afin de renforcer nos priorités communes. De nombreux sujets de partenariat concernent le continent africain, que ce soit l’énergie, la santé, l’éducation, la création d’emplois ou le numérique. Toutefois, après 25 ans, notamment au regard de la géopolitique actuelle, il est nécessaire de revoir nos modes de coopération et de se concentrer sur certains sujets clés à approfondir.

Votre rapport préconise d’aller au-delà de l’aide traditionnelle pour privilégier la création et le partage des risques. Concernant l’aspect financier de la coopération, face au déficit annuel de financement des objectifs de développement durable pour l’Afrique et au doublement du stock de la dette, comment le pacte financier que vous proposez – impliquant notamment la création d'obligations vertes, de diaspora bonds, etc. – peut-il concrètement mobiliser rapidement des capitaux privés européens prêts à assumer le risque africain ?

Effectivement, depuis une dizaine d’années, on observe une diminution de l’aide au développement, une tendance qui s’accélère.

Il est crucial d’identifier d’autres sources de financement pour le développement, y compris la mobilisation des ressources domestiques du continent africain, qui reste un enjeu important à remettre à l’agenda. Il faut aussi considérer la taxation pour accroître les revenus, ainsi que la lutte contre les flux illicites de capitaux, qui représentent environ 90 milliards de dollars quittant chaque année le continent.

Des mécanismes pour rapatrier ces fonds sont essentiels afin de financer le développement. D’autres leviers sont à explorer, comme les marchés carbone, les investissements européens, et une vision élargie du pacte financier pour répondre aux besoins du continent.

Alors que la COP30 s'achève ce vendredi 21 novembre, le financement de l'adaptation des pays en développement reste une impasse : ils réclament 1 300 milliards de dollars par an, contre seulement 300 milliards promis. Puisqu'ils s'endettent déjà lourdement pour y faire face, comment les pays africains, notamment, peuvent-ils financer leur transition écologique ?

Aujourd’hui, il y a déjà pas mal d’initiatives qui regardent différentes alternatives pour voir comment est-ce qu’on peut mobiliser effectivement cette somme, qui est très importante. 

Il faut regarder aussi au niveau des acteurs déjà très actifs. Là, on parle des financements publics et du financement via le secteur privé, mais regardons aussi ce qui se passe au niveau du secteur philanthropique. On a énormément de philanthropes qui se mobilisent sur le sujet, notamment sur l’axe climat, santé, adaptation. Aujourd’hui, c’est très clair que, par exemple, au niveau de la santé et du climat, on a moins de 5 % du financement climatique qui est dédié à cette adaptation pour la santé. Donc il y a aussi une opportunité à explorer sur le sujet.

Certains pays africains financent leur transition en s’endettant, et la dette sera le thème central aussi du G20 qui se tiendra pour la première fois sur le continent africain, en Afrique du Sud. La dette du continent est importante, mais le rapport dit aussi que le continent a beaucoup d’argent dans ses propres caisses. Alors comment faire pour que cet argent soit d’abord utilisé sur le continent pour financer les projets d’avenir des jeunes ?

Cela revient à la question de la taxation : trouver un modèle efficace, aligné à ce qui est possible aujourd’hui. Nous avons, avec le G20, travaillé sur ces flux illicites de capitaux, dont j’avais parlé auparavant. Cela fait 10 ans qu’on a eu des rapports, donc le rapport Mbeki sur ces flux de capitaux. Aujourd’hui, il y a des recommandations très claires à revisiter, car la situation a évolué.

Un autre sujet à voir est comment attirer justement plus de capitaux sur le continent. Vous avez mentionné la perception du risque :  comment travailler avec le secteur privé, les banques d’investissement, les agences de développement pour attirer un capital suffisant sur le continent pour des projets de développement, et pas que, aussi pour la création d’emplois, pour la valeur ajoutée sur le continent.

 

Newsletter

Restez informé ! Recevez des alertes pour être au courant de toutes les dernières actualités.
Réagir à cet article

L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.

En direct
Les rendez-vous santé
Nos applications
Facebook
Twitter
Instagram
Sommet UE-UA en Angola : "Au regard de la géopolitique actuelle, il est nécessaire de revoir nos modes de coopération"