Coup d'état manqué : “Les Béninois dénoncent la prise de pouvoir par la force” selon le journaliste Moïse Dossoumou

Actus. Au lendemain de la tentative de coup d’État visant à renverser le président Patrice Talon, la capitale économique Cotonou a retrouvé son calme habituel. Pour Moïse Dossoumou, directeur de publication du quotidien Fraternité, le putsch avorté porte des revendications « totalement politiques » et demeure un mouvement « isolé ».

Coup d'état manqué : “Les Béninois dénoncent la prise de pouvoir par la force” selon le journaliste Moïse Dossoumou
Moïse Dossoumou, directeur de publication du quotidien béninois Fraternité

« La situation est totalement normale » 

À Cotonou, ce lundi 8 décembre, l’atmosphère tranche avec les heures tendues de la veille. « La situation est totalement normale à Cotonou, on ne dirait pas que quelque chose s’est passé dimanche. J’ai fait moi-même une trentaine de kilomètres de Abomey-Calavi jusqu’au centre de Cotonou, c’est comme d’habitude », raconte Moïse Dossoumou. Il décrit une ville fonctionnant à son rythme habituel : « Les policiers sont au niveau des carrefours, ils essaient de fluidifier la circulation… Je n’ai pas noté la présence des forces armées, ce sont juste les forces de police. » 

Ecoutez Moïse Dossoumou

Dimanche, des militaires étaient brièvement apparus à la télévision nationale pour annoncer la destitution du président Talon, invoquant la dégradation de la situation sécuritaire ou la remise en cause des libertés fondamentales, avant que le gouvernement n’assure avoir repris la main. 

« Un mouvement isolé » et des revendications politiques 

Pour Moïse Dossoumou, les motivations affichées par les putschistes ne reflètent pas une crise interne à l’armée : « Les revendications des putschistes sont totalement politiques, ce sont les griefs nourris par une partie de l’opposition qui sont répétés par les putschistes : le retour des exilés, la libération des prisonniers dits “politiques”, la mise à la retraite d’office de certains officiers… Il n’y a rien de spécifique à l’armée, à part la dégradation de la situation sécuritaire dans le nord du Bénin. » 
Surtout, leur isolement au sein des forces armées est manifeste : « C’est un mouvement isolé… Les putschistes n’ont pas réussi à convaincre leurs frères d’armes à se rallier à leur cause. Ils n’ont même pas réussi à prendre en otage le président Patrice Talon. » Alors que la Cedeao a annoncé le déploiement de troupes régionales pour soutenir le gouvernement béninois, plusieurs soldats impliqués ont été arrêtés, tandis que le meneur présumé serait en fuite.

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Une condamnation large et un pouvoir qui promet la fermeté 

La réaction de la population béninoise a été sans équivoque. « C’est lié à notre culture démocratique, les Béninois condamnent la tentative de prise de pouvoir par la force, les Béninois ne sont pas d’accord avec cela », souligne le journaliste.

Du côté du pouvoir, le ton est désormais à la rigueur. Dimanche soir, Patrice Talon a assuré que la situation était « totalement sous contrôle » et que cette « forfaiture » ne resterait pas impunie. « Le ton est à la fermeté… Il a promis de punir les mutins, le ton était grave. Je pense que la fermeté sera de mise pour que cette situation ne se reproduise pas », analyse Moïse Dossoumou. 
Alors que le pays se dirige vers l’élection présidentielle d’avril 2026 dans un climat déjà tendu, cette tentative de putsch rappelle les crispations politiques persistantes, mais aussi l’attachement profond des Béninois à l’ordre constitutionnel. 

 

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