Dar es Salaam offrait mardi 10 décembre le visage d’une ville totalement à l’arrêt, alors que les forces de sécurité quadrillaient la capitale économique de la Tanzanie pour empêcher toute nouvelle contestation. Plus d’un mois après la répression du 29 octobre, faisant suite à la réélection de Samia Suluhu Hassan à la tête du pays, les autorités redoutent un regain de mobilisation à l’occasion de la fête de l’indépendance, d’ordinaire célébrée publiquement.
Le pays avait sombré dans la violence le jour des élections législatives et présidentielle, jugées frauduleuses par des observateurs internationaux. Selon l’opposition et plusieurs organisations de défense des droits humains, plus de 1 000 personnes, dont de nombreux manifestants, avaient alors été tuées. Dar es Salaam avait été l’un des principaux foyers de la contestation.
Beaucoup de policiers... et des rues désertes
Face aux appels à de nouvelles marches, le gouvernement a annulé les célébrations officielles, la police a interdit tout rassemblement et le Premier ministre Mwigulu Nchemba a appelé lundi 8 décembre la population à “se reposer”. Mardi 9 décembre dans la matinée, des correspondants de l’AFP ont observé une présence policière massive, l’un d’eux affirmant avoir été contrôlé à sept reprises en une trentaine de minutes.
Dans le centre-ville, les rues étaient désertes : magasins fermés, absence totale de circulation, transports en commun interrompus. L’accès à Obama Drive, axe menant à State House, a été coupé.
Aucun bilan officiel des violences
Sur X, la présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan, cible de la colère populaire depuis son élection avec près de 98% des voix, a publié un message de célébration du 64e anniversaire de l’indépendance, évoquant la paix et l’unité sans mentionner les manifestations.
Les autorités continuent de refuser de communiquer un bilan officiel de la répression. Après avoir coupé internet pendant cinq jours, elles ont dissuadé la population de diffuser des images des violences, n’épargnant que quelques militants et membres de l’opposition. Plusieurs Tanzaniens ayant appelé à manifester ont été arrêtés en novembre et décembre.
Selon Oryem Nyeko, chercheur de Human Rights Watch, “le gouvernement tanzanien s’appuie sur le climat alarmant de peur qui régnait avant les élections pour dissuader de nouvelles manifestations”.
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