Pour les nombreux Somaliens fuyant la sécheresse et la famine, Dhobley est une halte qu'ils atteignent épuisés et affamés.
Après une pause dans cette localité située à 5 km de la frontière kényane, ils reprendront la route à pied vers le complexe de déplacés de Dadaab, au Kenya, à 100 km de là.
"Nous sommes partis à cause de la sécheresse", explique Habiba Mahad Aden, rencontrée par l'AFP dans un camp improvisé installé à la périphérie de cette ville poussiéreuse du sud somalien.
"Nous n'avons pas d'argent pour aller à la pharmacie", ajoute-t-elle, berçant son enfant d'un an, Idman Mohamed.
Des milliers de compatriotes arrivent toutes les semaines dans cette localité très pauvre, avec un seul objectif: gagner Dadaab, où les organisations humanitaires sont pourtant débordées par l'afflux quotidien de nouveaux arrivants (1.300 en moyenne pour le mois d'août).
Au total, 400.000 Somaliens s'entassent dans les camps de Dadaab, ce qui constitue la plus grande concentration de réfugiés au monde.
La Somalie est le pays le plus touché par la sécheresse qui sévit actuellement dans l'ensemble de la Corne de l'Afrique.
Quelque 3,7 millions de Somaliens ont besoin d'une assistance humanitaire selon les Nations unies qui ont déclaré l'état de famine, dans trois régions du sud du pays et chez les populations de déplacés de Mogadiscio et du corridor d'Afogoye, à 20 km environ de la capitale.
"Dhobley, c'est le point de sortie vers le Kenya, donc beaucoup de gens passent par ici", indique un notable de la localité, Abdinassir Serar.
"Mais les habitants d'ici sont aussi affectés par la sécheresse", ajoute-t-il.
La majeure partie des zones touchées par la famine sont sous contrôle des insurgés islamistes radicaux shebab, accusés d'empirer la situation en restreignant l'accès humanitaire à leur territoire.
Les insurgés ont été chassés de Dhobley en avril par une milice locale, à la faveur d'une offensive pro-gouvernementale qui s'était soldée par la reconquête de plusieurs localités et centres commerciaux le long de la frontière kényane.
Sur place, habitants et ONG insistent sur la nécessité de s'occuper aussi du bétail encore en vie.
"Nous demandons de l'aide pour que le bétail qui reste puisse avoir de l'eau.Il y a tellement d'animaux en train de mourir dans la ville", lance Cheikh Abdi Rahim, un autre notable de Dhobley.
"Les donateurs n'aiment pas ça mais nous allons devoir nourrir les animaux", assure pour sa part Luca Alinovi, le directeur pour la Somalie de l'agence de l'ONU pour l'Agriculture et l'Alimentation (FAO).
"Ma priorité, c'est que les gens aient accès à de la nourriture.Nous devons investir tout ce qui est possible pour protéger leurs moyens de subsistance", affirme-t-il.
Des travailleurs humanitaires estiment préférables de renforcer leurs programmes en Somalie, là où c'est possible, afin de diminuer l'afflux de sinistrés dans des camps de réfugiés déjà bondés au Kenya ou en Ethiopie.
"Ne pas nourrir les animaux, c'est la plus grosse erreur que nous puissions faire", conclut M. Alinovi, rappelant que la préservation du bétail existant coûte beaucoup moins cher que l'achat de nouvelles têtes.
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