Le blocage d'un accord controversé de pêche entre l'UE et le Maroc contraint les navires européens à quitter immédiatement les eaux du royaume, au grand dam de l'Espagne qui exige une compensation pour sa flotte tandis que Rabat menace de revoir ses relations avec l'Europe.
Les députés européens ont rejeté mercredi la prorogation pour un an, en vigueur depuis février, de cet arrangement qui permet notamment à un maximum de 125 navires battant pavillon de onze pays de l'UE d'opérer dans les eaux du Maroc, en échange d'une contrepartie financière annuelle européenne de 36,1 millions d'euros et de redevances payées par les armateurs.
Les eurodéputés jugent notamment que l'accord ne prend pas clairement en compte les intérêts de la population du Sahara occidental, cette ancienne colonie espagnole annexée par Rabat en 1975.
Les élus ont également estimé qu'il revenait à un gaspillage de l'argent des contribuables européens, qu'il n'était pas viable sur le plan écologique et environnemental et qu'il n'apportait guère de bénéfices notables en termes économiques, tant à l'UE qu'au secteur de la pêche marocain.
L'essentiel des prises est le fait de gros chalutiers industriels, qui pêchent notamment sardines, maquereaux, chinchards et anchois dans les eaux marocaines.La plupart des navires autorisés sont espagnols et portugais, mais des navires français, italiens, britanniques, polonais ou allemands en profitent aussi.
A son arrivée jeudi à une réunion à Bruxelles avec ses homologues européens, la ministre espagnole de la Pêche Rosa Aguilar a exigé de l'UE une "compensation" pour les dommages que va subir la flotte de pêche espagnole à la suite de cette annulation.
"Nous allons défendre cette flotte et les marins qui se retrouvent privés de travail", a souligné Mme Aguilar.
Si le Front Polisario, qui revendique l'indépendance du Sahara Occidental, s'est félicité de ce qu'il considère comme une "défaite juridique et politique" pour le Maroc, Rabat a de son côté réagi avec une extrême fermeté au vote des eurodéputés.
Le Maroc a ainsi demandé aux bateaux de pêche européens de quitter sans délai ses eaux, une demande à laquelle la commissaire européenne en charge de la Pêche, Maria Damanaki, a promis jeudi de se conformer en appliquant "les procédures les plus rapides à notre disposition".
Mais Rabat a surtout estimé que ce développement "regrettable" interpellait le Royaume "quant à l'opportunité d'une réévaluation globale de son partenariat avec l'UE", au moment où "des négociations sont en cours avec l'UE dans le cadre de perspectives mutuellement prometteuses sur d'autres volets de coopération".
Une allusion claire au feu vert donné mercredi soir à Genève par les ministres européens du Commerce à la Commission européenne en vue d'entamer des négociations commerciales avec le Maroc, la Jordanie, la Tunisie et l'Egypte.
Ces négociations visent à aboutir à des accords de libre échange "profonds et complets" en matière d'échanges de biens et services avec ces pays.
Mme Damanaki s'est en tout cas engagée jeudi à poursuivre le dialogue avec les autorités marocaines, prenant "bonne note" des demandes des députés en faveur d'une relance des négociations en vue d'un nouvel accord de pêche.
"Si un nouvel accord devait être proposé et conclu, il aurait besoin d'apporter des réponses convaincantes aux questions-clé" en matière d'environnement, de viabilité économique et de conformité au droit international, a toutefois prévenu Maria Damanaki.
Le vote du Parlement européen envoie aussi "un message fort au gouvernement marocain, qui aurait besoin de s'engager sur tous ces points en faveur d'un meilleur accord", a-t-elle ajouté.
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