Des Nigérians, la faim au ventre, laissent exploser leur colère dans un marché de Lagos

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LAGOS (AFP) - (AFP)

Tant bien que mal, une foule de Nigérians trace son chemin dans les allées défoncées du principal marché de Lagos pour se ravitailler après cinq jours de grève générale, la plupart en colère devant la flambée vertigineuse des prix et un gouvernement qui, selon eux, les "affame".

Armée d'un gros sac en plastique, Funke Kayode, une mère de famille, s'arrête devant un étal d'ignames, interpelle le vendeur sur leur prix, puis fait mine de partir avant de revenir en acheter, mais une très petite quantité.

"Je dois en acheter.Nous devons manger", lance-t-elle furieuse, car, dit-elle, le prix des ignames a plus que triplé en cinq jours.

Ses maigres emplettes disparaissent au fond de son sac dans ce marché baptisé "Mile 12" où une multitude de vendeurs crient leur "désespoir" face au prix de leurs marchandises, en hausse à cause de l'augmentation du prix du transport, et qui ne se "vendent pas".

A proximité, sous une chaleur moite, des vendeuses aspergent d'eau tomates et poivrons sous le regard fatigué de dizaines de passagers agglutinés dans des bus et des véhicules bondés circulant toutes fenêtres et portes ouvertes.

"Je suis venue ici aujourd'hui car j'ai faim (...) Mes enfants ont beaucoup souffert durant la grève générale", explique Abiola Ayansanya, une Nigériane de 58 ans, mère de trois enfants.

"Mes plus jeunes enfants ont pleuré en réclamant de la nourriture, le plus âgé d'entre eux a compris la situation", explique cette Nigériane qui considère que le gouvernement doit faire marche arrière sur le prix du carburant qui se répercute inexorablement sur le prix de toutes les marchandises.

Très remonté, un Nigérian, Musa Adekunle Adeyemi, crie être "prêt" à reprendre les manifestations anti-gouvernementales" dès lundi contre l'augmentation du prix du carburant.

"Nous ne sommes pas fatigués de manifester", dit-il en levant les bras, aussitôt entouré d'une dizaine d'hommes affichant la même détermination.

"Nous avons voté pour Jonathan"

Selon un chauffeur nigérian, Muda Ogunniyi, "tout le monde est en colère et tout le monde a faim.Nous avons voté pour (le président nigérian Goodluck) Jonathan pour qu'il améliore nos conditions de vie".

"Le gouvernement, selon lui, doit combattre le groupe de conspirateurs qui profitent de la situation et qui nous oppressent".

Sur la route menant au marché situé face à la baie de Lagos, où le ciel et la mer se confondent dans des eaux teintées de gris, de longues files d'attente se forment devant des stations-service.De nombreux Nigérians en guenilles font la mendicité au passage de puissants 4X4 sur la route de Lagos, une des villes les plus peuplées au monde.

Les syndicats du Nigeria ont annoncé la suspension pendant le week-end de la grève générale qui paralyse le pays depuis une semaine et menace de s'étendre au secteur-clé du pétrole.

De nouvelles négociations avec le gouvernement doivent avoir lieu samedi après l'échec d'une première rencontre jeudi.Cette pause dans le mouvement devait permettre aux populations de se ravitailler, selon les syndicats.

Ce répit laisse aussi un délai limité de négociations syndicats-autorités car les syndicats du pétrole ont menacé d'arrêter la production de brut dès dimanche à 00H00.

Le mot d'ordre a déjà provoqué une hausse des prix pétroliers sur les marchés internationaux.

Les syndicats ont indiqué avoir demandé au président Jonathan de suspendre la hausse des prix du pétrole en échange d'une fin de la grève mais le gouvernement a proposé de négocier de nouveaux prix des carburants.

Près du marché "Miles 12", un groupe d'hommes rassemblés devant un étal lisent les gros titres des principaux quotidiens.

Le ton monte vite: "Tout le monde a faim, tout le monde est en colère contre ce gouvernement.Nous sommes plus que des survivants maintenant, nous sommes des combattants", lance l'un d'entre eux.

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