La Libye fête sa révolution avec des craintes pour l'avenir

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TRIPOLI (AFP) - (AFP)

La Libye fête le premier anniversaire de sa "révolution du 17 février", mais des inquiétudes demeurent sur l'avenir du pays confronté à de nombreux défis pour assurer sécurité et stabilité et fonder un Etat de droit. 

Un vent de liberté a soufflé sur ce pays d'Afrique du Nord qui prépare ses premières élections depuis des décennies, mais la prolifération des milices d'ex-rebelles, qui font la loi dans le pays, complique la tâche des nouveaux dirigeants.

Etudiants, fonctionnaires ou chômeurs, les thowars ("révolutionnaires", en arabe) s'étaient portés volontaires pour combattre le régime de Mouammar Kadhafi, jusqu'à la mort violente du dictateur le 20 octobre, après plus de 40 ans de règne sans partage.

"Ils ont pris les armes pour se libérer du joug de la dictature.Mais quand ils ont obtenu la liberté, ils n'ont pas lâché les armes", déplore Issam, un journaliste tripolitain.

Au terme d'un conflit sanglant, ils se sont formés en milices et assurent aujourd'hui les fonctions de la police et de l'armée qui n'ont pas encore été mises en place par le nouveau régime.

"Elles (les milices) ont développé des intérêts qu'elles refusent d'abandonner", estime Hafedh al-Ghwell, un conseiller à la Banque mondiale, dans un rapport récent.

Ayant puisé dans l'arsenal hérité de l'ancien régime, les milices sont très armées et n'hésitent pas à sortir l'artillerie lourde au moindre conflit d'intérêt, faisant à chaque fois des victimes.

Les nouveaux dirigeants se sont pourtant donné comme premier objectif de désarmer le pays.A cet effet, ils ont mis en place un plan pour intégrer des milliers de combattants dans les corps de l'armée ou dans les services de sécurité.Mais les résultats se font attendre.

 Les thowars tiennent aussi les prisons dans lesquelles croupissent des responsables ou des combattants de l'ancien régime, dont certains ont été torturés à mort, selon des organisations de défense de droits de l'Homme.

La lenteur des réformes a provoqué des mouvements de contestation contre le Conseil national de transition (CNT) au pouvoir, accusé notamment de "voler la révolution" et d'avoir permis à des "opportunistes" de l'ancien régime de faire partie de la nouvelle équipe dirigeante.

En fait, les autorités semblent ployer sous le poids de l'héritage laissé par Mouammar Kadhafi: prolifération d'armes, infrastructures vétustes, absence d'institutions, économie minée par la corruption, systèmes de santé et d'enseignement rudimentaires.

Les défis sont gigantesques pour les nouveaux dirigeants qui ont décidé de tout mettre en suspens jusqu'aux prochaines élections, prévues en juin, se contentant de gérer, non sans difficulté, les affaires courantes.

Pas de contrats avant les élections, a notamment lancé le gouvernement d'Abdelrahim al-Kib, au moment où les compagnies étrangères sont à l'affût pour décrocher des parts dans les contrats juteux pour la reconstruction du pays.

Les nouvelles autorités ont fait des élections leur priorité.Ainsi une loi électorale donnant un rôle privilégié à la femme et aux jeunes a été adoptée après de longues tractations et un débat houleux.

La formation d'une commission électorale a aussi été saluée lundi par la mission des Nations unies en Libye, qualifiant le cadre légal des prochaines élections, les premières depuis plus de 40 ans, de "raisonnable".

Aucun programme officiel n'a été prévu pour célébrer vendredi le premier anniversaire de la révolution, par "respect pour les familles des martyrs, les blessés et les disparus", selon le porte-parole du régime Mohamed al-Harizi.

Si les conseils locaux sont cependant libres de fêter l'évènement, les autorités ont interdit aux thowars tout défilé militaire, selon M. Harizi.

Les nouveaux dirigeants ont lancé plusieurs mises en garde quant à de possibles attaques de partisans de l'ancien régime visant à perturber la fête nationale.

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