L'armée sud-soudanaise a accusé jeudi les troupes soudanaises de l'avoir attaquée dans une zone frontalière, à la veille d'un sommet prévu à Addis Abeba entre les chefs d'Etat des deux pays.
Selon le porte-parole de l'armée sud-soudanaise, Philip Aguer, l'aviation soudanaise a largué des bombes sur la région de Raja, dans l'Etat du Bahr el-Ghazal occidental (nord-ouest du Soudan du Sud), où des combats ont également opposé les infanteries des deux pays.
"Ils nous ont attaqués mercredi et les combats se sont poursuivis jusque tard dans l'après-midi (...) C'est une région reculée donc nous attendons toujours un bilan des pertes", a déclaré Philip Aguer, joint depuis Nairobi par l'AFP.
La Mission de l'ONU au Soudan du Sud (Minuss) n'a pu confirmer ces allégations, qui n'ont pu être vérifiées de façon indépendante dans l'immédiat.L'armée soudanaise n'a pu être jointe pour le moment.
Ces accusations interviennent à la veille d'un sommet prévu vendredi dans la capitale éthiopienne entre les présidents soudanais Omar el-Béchir et sud-soudanais Salva Kiir, destiné à relancer des accords économiques et de sécurité signés en septembre, mais au point mort.
Cette rencontre est la première entre les chefs des deux Etats rivaux depuis la signature de ces accords et ces accusations pourraient relancer les tensions plus ou moins larvées qui persistent entre Khartoum et Juba depuis l'indépendance du Soudan du Sud, proclamée en juillet 2011.
Le ministre sud-soudanais de l'Information, Barnaba Marial Benjamin, a néanmoins assuré jeudi soir que le président Kiir se rendrait bien à Addis.
"Les pourparlers se dérouleront comme prévu, nous avons donné notre parole et nous sommes déterminés à discuter", a déclaré M. Benjamin à l'AFP, "ce sommet est important car nous voulons veiller à l'entière mise en oeuvre des accords déjà signés".
Selon lui, l'infanterie soudanaise a été repoussée après avoir pénétré d'une quarantaine de km en territoire sud-soudanais.Le tracé de la frontière entre les deux pays est néanmoins contesté en de très nombreux endroits.
"Des appareils Antonov ont également lâché des bombes encore plus profondément à l'intérieur (...) Il y a des victimes, notamment civiles, parmi lesquelles des femmes et des enfants, mais nous attendons toujours des informations sur leur nombre exact", a affirmé M. Benjamin.
Un accord de paix, signé en 2005 et ayant débouché sur la partition du Soudan, a mis fin à plusieurs décennies de guerres civiles, mais a laissé de nombreuses questions en suspens.Les tensions autour de ces différends avaient dégénéré en graves combats frontaliers au printemps 2012, laissant craindre une reprise du conflit à grande échelle.
En septembre, MM.Béchir et Kiir s'étaient mis d'accord sur les modalités de reprise de la production pétrolière du Soudan du Sud, dont l'exportation dépend des oléoducs du nord, et dont l'arrêt par Juba depuis janvier 2012 après un différend avec Khartoum, a mis les économies des deux pays à genoux.
Ces accords prévoyaient également la mise en place d'une zone-tampon démilitarisée à leur frontière commune.
Mais les positions des deux Soudans restent figées sur la question très sensible et potentiellement explosive d'Abyei, une zone frontalière de la taille du Liban revendiquée par les deux pays.
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