L'armée malienne a lancé vendredi avec le soutien de la France et de plusieurs pays africains une contre-offensive dans le centre du Mali, pour repousser l'avancée des islamistes vers le sud gouvernemental où le président a sonné la "mobilisation générale".
La progression des islamistes, qui contrôlent depuis neuf mois le nord du Mali, a été "stoppée", a affirmé à l'AFP une source militaire malienne, selon laquelle la contre-offensive gouvernementale, forte du soutien international, se poursuivait.
"On nous impose la guerre (...)", le Mali portera "une riposte cinglante et massive" à ses "ennemis", a promis vendredi soir dans un message à la Nation le président par intérim Dioncounda Traoré.
"La situation sur le front est globalement sous contrôle.Courageusement, nos forces armées, les fils de ce pays font face à la situation", a assuré M. Traoré, qui a "sonné la mobilisation générale autour de la grande armée malienne (...)".
Le président François Hollande a quant à lui confirmé l'engagement des forces françaises, dont la présence sur le sol malien avait été révélée auparavant par des sources militaires maliennes.
"Le Mali fait face à une agression d'éléments terroristes venant du Nord dont le monde entier sait la brutalité et le fanatisme", a expliqué le président Hollande.
Il a expliqué avoir répondu à la demande d'aide du président malien, appuyée par les pays africains de l'Ouest".
Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a indiqué que l'engagement français avait notamment pris la forme d'une "intervention aérienne", en réponse à une question lui demandant s'il y avait eu "des frappes aériennes".
Dans l'après-midi, le chef des opérations militaires malien, le colonel Oumar Dao, avait affirmé que des soldats français, sénégalais et nigérians étaient en appui dans la ville de Sévaré (centre).
"D'autres pays amis se sont déjà manifestés et nous les attendons", a ajouté le colonel Dao sans donner de détails.
Le Sénégal n'a "pas de troupes combattantes" au Mali, a démenti à l'AFP un responsable de l'armée sénégalaise.
Dans la soirée, les pays d'Afrique de l'Ouest ont officiellement autorisé l'envoi immédiat de troupes.
Le président en exercice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), la président ivoirien Alassane Ouattara a "décidé d'autoriser l'envoi immédiat des troupes sur le terrain dans le cadre de la MISMA (Force internationale de soutien au Mali) (...)".
L'armée régulière malienne, avec le soutien de ses alliés, a lancé vendredi une offensive pour reprendre la ville de Konna, près de Mopti (centre), tombée la veille aux mains des islamistes après plusieurs heures d'affrontements.
La contre-attaque est partie de Sévaré, localité à 70 km au sud de Konna, dotée du plus important aéroport de la région où, selon des témoins, des avions militaires ont atterri jeudi pour débarquer des armes et des soldats étrangers, parmi lesquels figuraient des Blancs.
La nature exacte du soutien français et ouest-africain reste encore inconnue.Un officier malien joint à Mopti a affirmé que des "appareils militaires de pays amis" participaient à l'opération et un témoin a dit avoir vu "deux petits avions tirer sur les islamistes".
Depuis plusieurs mois, des éléments des forces spéciales françaises et des hélicoptères sont positionnés au Burkina Faso voisin.
Le nord du Mali est depuis début 2012 sous la coupe de groupes armés jihadistes, devenant un sanctuaire pour Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Alors que la situation militaire était gelée, les combats ont repris cette semaine, les islamistes s'emparant jeudi de Konna et menaçant de continuer leur offensive vers le Sud.
Le gouvernement malien a également décrété vendredi l'état d'urgence dans tout le pays.Paris a demandé vendredi à ses ressortissants "dont la présence n'est pas indispensable" de quitter le Mali.
Le président de l'UA "aux anges"
Le Conseil de sécurité de l'ONU a demandé jeudi soir un "déploiement rapide" de la force internationale prévue au Mali mais dont l'intervention devait prendre des mois.
Depuis plusieurs mois, l'Afrique de l'Ouest a proposé l'envoi, avec l'aval de l'ONU, d'une force armée de plus de 3.330 hommes, que des pays européens, dont la France, l'ancienne puissance coloniale, ont promis d'aider logistiquement, pour la reconquête du Nord du Mali.
Le déploiement de cette force a été approuvé le 20 décembre par le Conseil de sécurité, mais par étapes, et après un dialogue avec des groupes armés respectant certains préalables.
Le président en exercice de l'Union africaine, le chef de l'Etat béninois Thomas Boni Yayi, s'est félicité en fanfare de la décision de la France: "je suis aux anges".
"Je voudrais absolument, au nom du continent, exprimer notre gratitude à la République française, à son président, son gouvernement, à tout le peuple français (...)", a-t-il ajouté.
"Nous partageons l'objectif français d'empêcher des terroristes de bénéficier d'un sanctuaire dans la région", a commenté à l'AFP Tommy Vietor, porte-parole du Conseil de sécurité nationale aux Etats-Unis.
Londres a déclaré "soutenir la décision française" tandis que Berlin a également défendu l'intervention française.
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