L'attentat-suicide qui a visé des bus chargés de passagers lundi à Kano, dans le nord du Nigeria, a fait 22 morts, une attaque "barbare" selon le président nigérian Goodluck Jonathan qui a réaffirmé sa détermination "à combattre le terrorisme".
"Selon notre décompte, 22 personnes ont été tuées dans l'attaque-suicide à la gare routière de New Road", a indiqué mardi à l'AFP un porte-parole de la police, Magaji Majia, et "soixante-cinq personnes ont été blessées".
"Deux kamikazes ont lancé leur véhicule piégé contre un car de luxe rempli de passagers sur le point de partir vers le sud du pays.L'explosion a embrasé cinq bus au total et les passagers qui attendaient de monter à bord", a expliqué ce porte-parole.
"J'embarquais dans un bus pour Lagos quand j'ai entendu une énorme explosion", a raconté à l'AFP Abdulaziz Baban-Lamma, un marchand de 47 ans, depuis son lit d'hopital.
Gravement blessé à l'abdomen, M. Baban-Lamma a été secouru par d'autres rescapés avant de subir une opération en urgence.
Magawata Goje, 45 ans, vendait de la viande séchée dans la gare routière quand la bombe a explosé."Quelque chose de pointu m'a frappé derrière l'oreille droite", se souvient-il, "du sang a jailli et je me suis retrouvé ensanglanté".
Quand il a repris connaissance, M. Goje a vu "beaucoup de gens brûlés" autour de lui.
Selon Emmanuel Bassey, un employé de la société de bus, âgé de 37 ans, brûlé à plusieurs endroits, les auteurs de l'attentat sont arrivés dans la gare comme des passagers avant de foncer dans un bus à pleine vitesse.
Kano, la plus grande ville du Nord à majorité musulmane, est régulièrement la cible d'attaques meurtrières du groupe islamiste Boko Haram.
Boko Haram
Dans un communiqué officiel, qui ne cite pas explicitement le groupe, le président Jonathan a "condamné dans les termes les plus forts" cette nouvelle attaque "barbare".
Le gouvernement fédéral "n'abandonnera pas, pour quelque raison que ce soit, sa guerre permanente contre les terroristes dans le pays", affirme le chef de l'Etat.
Il "rassure" encore une fois "les Nigérians et les étrangers vivant dans le pays", affirmant que "le gouvernement continuera à prendre toutes les mesures nécessaires pour leur sécurité (...) pour contrôler la menace du terrorisme".
Ces déclarations font écho à la controverse et aux reproches récurrents sur la faible efficacité des forces de sécurité dans leur lutte contre Boko Haram, alors que l'armée et la police sont par ailleurs souvent accusées de violer les droits de l'Homme dans leurs campagnes de répression des islamistes.
Cette nouvelle attaque spectaculaire, qui n'a pas été revendiquée, a eu lieu à Sabon Gari, un quartier essentiellement peuplé de chrétiens.
Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique et premier producteur de pétrole du continent, est divisé entre un Nord majoritairement musulman et un Sud majoritairement chrétien.
L'Association des chrétiens du Nigeria (CAN), la principale association chrétienne du pays, actuellement dirigée par des évangélistes, a considéré mardi dans un communiqué que cette attaque est "le signe de la volonté d'exterminer les chrétiens et le christianisme du nord du Nigeria".
Plusieurs personnalités catholiques ont eu des réactions plus mesurées aux attaques récentes, estimant que les extrémistes tentent de provoquer une crise religieuse, mais appelant les chrétiens et les musulmans à oeuvrer ensemble pour la paix.
Les militants de Boko Haram visent fréquemment des cibles chrétiennes, avec des attentats-suicide à répétition contre des églises le dimanche, et les forces de sécurité.
Ce groupe, longtemps considéré comme une secte, dit combattre pour la création d'un Etat islamique dans le nord du Nigeria, mais ses revendications ont changé à plusieurs reprises par le passé.
Boko Haram a relancé son insurrection en 2009 au Nigeria et depuis, ses attaques dans le Nord et le Centre ainsi que leur répression par les forces de l'ordre ont fait environ 3.000 morts.
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