Le dernier bilan fourni par les autorités congolaises fait état de 52 cas confirmés ou suspects de malades du virus d'Ebola, dont 22 sont décédés dans le nord-ouest de la RD Congo.
Dès l'annonce des premiers cas le 8 mai dans la région de Bikoro, l'agence de l'ONU pour la santé s'est immédiatement mobilisée pour prouver qu'elle avait bien tiré les leçons de ses manquements lors de la précédente épidémie d'Ebola de 2013-2015 en Afrique de l'Ouest.
Critiquée pour la lenteur de sa réaction et pour n'avoir pas mesuré l'ampleur de la crise avant qu'elle n'explose, avec au final plus de 11.300 morts, l'OMS a depuis entrepris une profonde réforme de son fonctionnement.
Peter Salama, directeur du Programme de gestion des situations d'urgence de l'OMS, a précisé cette semaine que depuis l'apparition des premiers cas, des unités de soins médicaux ont été installées, un pont aérien a été mis en place et des appels de financement d'urgence ont été lancés.
En outre, une campagne de vaccination ciblée a débuté et plus de 120 employés de l'OMS ont été déployés sur place, aux côtés de nombreux volontaires d'autres organisations, sous la houlette du gouvernement congolais.
- "Très confiante" -
"Il est certain que dans les deux premières semaines, il y a eu une énorme activité", a dit M. Salama à l'AFP.
Matshidiso Moeti, directrice régionale de l'OMS pour l'Afrique, a confié à l'AFP qu'elle était "très confiante" dans la robustesse et l'efficacité de la réponse de l'agence.
"La réforme du programme d'urgence de l'OMS fonctionne de façon excellente", a-t-elle estimé.
L'organisation Médecins sans frontières (MSF), qui avait été l'un des critiques les plus virulents de l'OMS lors de la grande épidémie en Afrique de l'Ouest, convient que cette fois, la réaction de l'agence est bien meilleure.
"Je pense que beaucoup plus de choses ont été faites", a déclaré jeudi Jean-Clément Cabrol, coordinateur médical d'urgence de MSF, lors d'une conférence de presse à Genève.
En 2014, a-t-il rappelé, l'OMS "avait pris du temps pour se rendre compte de l'ampleur de l'épidémie".Cette fois, "je pense que la conscience du risque et le besoin d'une réponse sont là".
L'Alliance mondiale pour les vaccins (Gavi) a également souligné dans un communiqué que "la réponse cette fois a été plus forte, plus rapide qu'il y a quatre ans".
Mais elle a pointé du doigt "la nécessité de renforcer encore les mesures de prévention et de contrôle sur le terrain".
- "Prévention des incendies" -
La fondation médicale suisse FairMed est d'accord et déplore que peu d'efforts aient été déployés pour prévenir ce genre d'épidémie.
"Certainement, si nous faisons la comparaison avec l'épidémie en Guinée, puis au Liberia et en Sierra Leone, l'OMS n'a pas raté l'occasion de démontrer que les leçons apprises ont été mises en application", a commenté Bart Vander Plaetse, directeur de programme, dans un email à l'AFP.
Mais il a souligné que cette nouvelle flambée d'Ebola "est aussi un symptôme d'un système de santé négligé et en détresse".
"Les pompiers sont mieux organisés, mais la prévention des incendies est négligée", a-t-il regretté.
M. Cabrol de MSF a lui aussi jugé "insuffisants" les efforts pour informer la population des risques de ce virus mortel qui se transmet par les fluides corporels.
"Une grosse partie de la population considère que c'est quelque chose comme de la sorcellerie", a-t-il déploré.
Il a également critiqué la confusion créée par la campagne de vaccination qui ne cible dans un premier temps que les malades, puis les personnes en contact avec des cas suspects et enfin les contacts des contacts.
Elle a fait naître, selon lui, de faux espoirs sur ce vaccin expérimental qui allait régler le problème d'un coup de baguette magique.
"On voit déjà aujourd'hui des gens qui refusent l'hospitalisation alors qu'ils sont positifs, en disant +j'attends le vaccin+".
Mme Moeti estime toutefois que l'OMS a compris l'importance de s'appuyer sur les chefs de village, les prêtres et les personnes respectées pour informer la population.
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