"Notre client, Sébastien Ajavon, demande la protection de sa personne et de ses droits devant votre juridiction, la juridiction béninoise n'étant pas en mesure de le faire", a expliqué à la Cour Me Julien Bensimhon, l'un des quatre avocats présents en ce premier jour d'audience publique à Arusha, retransmise en direct sur les réseaux sociaux. Pour atteinte à "son droit à la liberté, à son droit à la propriété, à son droit à un procès équitable, ainsi qu'à son droit à la présomption d'innocence", l'accusation demande à l'Etat béninois de payer des préjudices moraux et commerciaux et des dommages et intérêts à hauteur de 550 millions de francs CFA (830 millions d'euros). Les avocats de M. Ajavon sont revenus tour à tour sur les affaires qu'ils qualifient "d'acharnement" et de "complot ourdi" contre leurs client depuis fin 2016. Ils ont notamment évoqué la saisie de 18 kg de cocaïne dans un conteneur de sa société d'importation -- affaire pour laquelle il a été relaxé--, mais aussi la suspension pendant plusieurs mois de deux médias dont il est le propriétaire, et plus récemment un redressement fiscal contre sa société d'importation à hauteur de 254 millions d'euros. Deux des trois témoins qui devaient se présenter à la barre mercredi n'ont pas fait le voyage jusqu'en Tanzanie déclarant avoir reçu des menaces, dans un procès-verbal qu'a pu se procurer l'AFP. De leur côté, les avocats de la défense mettent en cause le principe même de saisir la Cour africaine, affirmant que "tous les recours judiciaires internes n'ont pas été épuisés". "La requête du requérant est irrecevable devant votre juridiction", a affirmé Me Elie Kponou, avocat pour l'Etat béninois, dénonçant également des "termes outrageants" de la part de l'accusation. D'autre part, "vous n'êtes pas là pour réparer des manques à gagner commerciaux", a-t-il déclaré aux juges, faisant référence aux pertes du chiffre d'affaires des compagnies de M. Ajavon, surnommé "le roi du poulet". L'homme d'affaires, qui est arrivé troisième à la dernière présidentielle, en 2016, avec 23% des voix, a lancé fin mars son parti, l'Union sociale Libérale (USL), et a fait connaître ses ambitions pour le prochain scrutin, prévu en 2020.Patrice Talon, lui aussi dans les affaires avant de se lancer en politique, avait bénéficié du soutien de M. Ajavon pour se faire élire, avant de renvoyer trois ministres proches de celui-ci quelques mois après son arrivée au pouvoir.
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