"Dans la nuit (de lundi), peu avant minuit, trois terroristes se sont faits exploser dans le quartier Diffa Koura provoquant 6 morts et 37 blessés, dont huit graves.Ces terroristes, un homme et deux filles sont morts sur la champ", a annoncé le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.
Dans la matinée un élu local, sous couvert de l'anonymat, avait indiqué à l'AFP, comptant les jihadistes dans le bilan, que "trois kamikazes s'étaient fait exploser, pour le moment il y a 9 morts et des blessés".
Les kamikazes ont fait exploser leur ceinture d'explosifs en différents endroits de la ville, a expliqué l'élu, en précisant qu'une école coranique, installée dans un quartier populaire de la ville, avait été l'une des cibles.
"Les trois explosions se sont produites quasi simultanément dans mon quartier: une près d'une mosquée, une autre à proximité d'une école coranique et la troisième non loin d'un commerce", a raconté l'AFP Ibrahim Amadou, un résident du quartier de Koura, théâtre de la triple explosion.
"Il était 22H30 (21H30 GMT), j'étais devant la télévision lorsque j'ai entendu les très fortes détonations", a-t-il raconté."On lit la peur au sein de la population, mais qui ne cède pas à la panique".
"Cela a surpris tout le monde", a dit Ari Maman, un autre habitant."Nous nous attendons à des attaques partout dans la région, sauf au coeur de la ville" surtout "avec les impressionnantes mesures sécuritaires.Les forces de l'ordre ont quadrillé les lieux du drame" et "de nombreux commerces sont restés fermés".
Le ministère de l'Intérieur a "lancé un appel aux populations de la région de Diffa" leur demandant de "faire preuve de plus de vigilance et à renforcer la coopération avec les forces de défense et de sécurité".
Les trois kamikazes ont réussi à entrer dans la ville, en dépit du couvre-feu et de l'important dispositif sécuritaire tissé tout autour depuis trois ans.Le quartier visé est situé "en périphérie" et "sur les rives de la rivière Komadougou" (frontière naturelle avec le nord-est du Nigeria), a souligné un fonctionnaire local à l'AFP."C'est un endroit couvert de verdure" d'où "on l'on peut se faufiler pour accéder à la ville sans se faire repérer".
Ces attaques surviennent alors que le président nigérien Mahamadou Issoufou a entamé lundi une tournée européenne qui l'a conduit à Paris lundi et à Bruxelles mardi.
- Plusieurs mois d'accalmie -
Elles interviennent après plusieurs mois d'accalmie dans la région de Diffa, théâtre depuis février 2015 de nombreuses attaques du groupe islamiste Boko Haram basé dans le nord-est du Nigeria voisin.
Fin avril, Niamey avait annoncé une opération militaire régionale d'envergure dans le bassin du lac Tchad (commun au Niger, au Tchad, au Nigeria et au Cameroun) pour débarrasser la zone des "résidus" de Boko Haram.
Cette opération devait permettre "d'installer nos systèmes de sécurité" et de favoriser le retour de milliers de personnes ayant fui depuis 2015 les îles du lac Tchad, avait déclaré le ministre nigérien de la Défense, Kalla Moutari, jugeant que, même "totalement affaibli", Boko Haram continuait d'être "une menace réelle".
"La stratégie des attaques-suicides" de Boko Haram peut se justifier "par son incapacité à désormais faire face à l'armée", estime un militaire qui a récemment séjourné dans cette région.
Depuis 2009, le conflit provoqué par Boko Haram a conduit au déplacement de 2,4 millions de personnes dans le nord du Nigeria ainsi qu'au Cameroun, au Tchad et au Niger, selon le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).Fin janvier 2018, le HCR a lancé un appel de fonds de 157 millions de dollars (127 millions d'euros) pour venir en aide aux réfugiés dans la région du lac Tchad.
En plus des attaques de Boko Haram dans le sud-est, le Niger doit faire face aux attaques récurrentes des islamistes de groupes sahéliens dans le Nord et l'Ouest.
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