Sa dernière chanson, "This is Nigeria" - une adaptation de "This is America" de la star américaine Childish Gambino -, a été vue plus de 4 millions de fois sur Youtube en moins de deux semaines et a déclenché une tornade de commentaires dans les médias et sur les réseaux sociaux.
Falz, 27 ans, dénonce la violence généralisée et la corruption omniprésente dans le pays le plus peuplé d'Afrique (180 millions d'habitants), où les artistes ont davantage tendance à étaler leur argent et leurs conquêtes amoureuses qu'à parler "vrai".
Et pourtant son clip est un succès et la plupart des Nigérians saluent son "courage".
"Je n'avais pas prévu une réaction de cette ampleur...Cela m'a vraiment encouragé à continuer dans cette voie", a-t-il expliqué à l'AFP.
"Les gens sont détournés (des vrais problèmes) par le divertissement et la jouissance", a ajouté Falz - de son vrai nom Folarin Falana - qui a fait des études de droit avant de se reconvertir dans la musique.
"Il y a beaucoup de choses dont nous devons parler avec constance pour que ce soit reconnu d'une manière ou d'une autre.Les gens pensent que l'esprit de Fela Kuti doit revenir".
Fela, qui a passé sa vie à défier les dictatures militaires au pouvoir pendant près de trois décennies, était autant connu pour ses opinions politiques contestataires que pour sa musique, célébrée dans le monde entier.
Ce n'est sûrement pas un hasard: Falz est le fils de Femi Falana, figure très connue de la lutte pour la défense des droits de l'homme au Nigeria, qui fut l'avocat de Fela Kuti.
Le rappeur a confié que son père, dont on entend les extraits d'un discours au début de la chanson "This is Nigeria", a été pour lui une influence majeure.
- Changement démocratique -
Falz encourage les artistes nigérians, idoles sacrées d'une jeunesse largement majoritaire dans le pays, à utiliser leur "immense notoriété" pour conscientiser la société avant les élections générales prévues en février 2019.
Le campagne électorale s'annonce mouvementée dans les prochains mois, alors que le bilan du président Muhammadu Buhari, qui espère se faire réélire pour un second mandat, est très critiqué pour sa passivité face à l'ampleur des défis.
Le pays, très dépendant de ses revenus pétroliers, sort difficilement d'une grave récession économique et la guerre contre la corruption promise par le chef de l'Etat n'a débouché que sur très peu de condamnations judiciaires.
Sur le plan sécuritaire, les fronts se multiplient, de l'insurrection jihadiste de Boko Haram dans le nord-est aux sabotages de groupes rebelles dans le delta pétrolier du Niger, en passant par les affrontements sanglants entre agriculteurs et éleveurs dans le centre du pays.
Jusqu'à la victoire de Buhari sur Goodluck Jonathan en 2015, aucun candidat de l'opposition n'avait jamais renversé un président sortant par les urnes au Nigeria.
Alors que près de la moitié des Nigérians a moins de 15 ans, les jeunes doivent comprendre qu'ils ont le pouvoir de changer leur avenir, selon Falz.
"C'est un système de gouvernement démocratique, c'est le gouvernement du peuple", a-t-il déclaré."Si les gens ne sortent pas voter, nous resterons coincés dans la même galère dont nous nous plaignons".
"Vous devez y aller, vous inscrire, récupérer votre carte d'électeur et vous assurer qu'au moment des élections, vous pourrez voter".
De son côté, le propre fils de Fela Kuti, Seun, autre musicien engagé a lancé récemment le mouvement "Naija (Nigeria) Resistance" et appelle au boycott des prochaines élections.
"Mes frères, mes soeurs, ne pas voter dans un système qui ne vous représente pas, ce n'est pas un manque de participation", a-t-il écrit dans un post cinglant sur son compte Instagram lundi."La carte d'électeur n'est pas synonyme de participation, elle est synonyme de manipulation".
Des appels contradictoires, mais à quelques mois de la présidentielle, les artistes nigérians ont décidé de se faire entendre.
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