Ce mardi, le rassemblement quotidien y a commencé plus tard qu'à l'accoutumée, comme si les manifestants digéraient encore la nomination la veille de la nouvelle équipe.Elle a finalement rassemblé quelques milliers de personnes, dépitées.
"Pas besoin de ministres redoublants", résume une grande banderole déployée par la foule.
"Je suis très contrariée de voir qu'il y a encore du HVM (parti du président Hery Rajaonarimampianina) dans le gouvernement", regrette Hanta Razanadranaivo, une Malgache de 60 ans.
"On réclame du changement et on obtient un recyclage des anciens ministres", s'indigne-t-elle, vêtue d'un T-shirt frappé d'un portrait de...l'ancien président Marc Ravalomanana (2002-2004).
Après un mois et demi de crise ouverte entre le régime et ses adversaires, M. Rajaonarimampianina a présenté lundi le nouveau gouvernement du Premier ministre de "consensus" Christian Ntsay, censé conduire le pays en douceur jusqu'aux élections générales prévues cette année.
Le chef de l'Etat s'est plié à une décision de la Haute Cour constitutionnelle (HCC), qui lui avait enjoint de nommer un gouvernement d'union pour calmer l'opposition.
L'opposition a décroché une petite dizaine de ministères mais pour les manifestants du 13-Mai, le compte n'y est pas.
"Ce nouveau gouvernement ne résout rien.Il ne respecte pas la décision de la Haute Cour.N'ayant pas de députés, le HVM ne devrait plus faire partie de ce gouvernement", estime Julien Naina, un partisan de Marc Ravalomanana.
"Il faut continuer les manifestations jusqu'au renversement d'Hery Rajaonarimampianina", insiste-t-il, "je préfère voir les ministres issus du Tim et du Mapar (principaux partis d'opposition) quitter ce gouvernement".
- 'Sang versé' -
Sur l'estrade dressée sur la place du 13-Mai, un membre de l'opposition salue au micro la "victoire" acquise avec l'entrée de membres du Tim et du Mapar dans le gouvernement.
"Non, non, non", lui répond d'une seule voix la foule.
"On peut apercevoir sur vos visages la déception et le mécontentement car on n'a pas eu ce qu'on voulait", concède la députée Marie-Thérèse Volahaingo (Mapar) en remerciant la foule de s'être une nouvelle fois déplacée.
"Hier, au sein du Tim, à 16H00, on a encore discuté si oui ou non on allait dans le gouvernement.On a dit non, puis on a reçu l'ordre: entrer d'abord et on verra après", se justifie la députée Hanitriniaina Razafimanantsoa, du parti de l'ancien président Andry Rajoelina (2009-2014).
"On n'acceptera pas ne serait-ce qu'un seul HVM dans ce gouvernement (...) On a le ministre de la Défense, qui a l'habitude de tuer ses compatriotes et qui est reconduit", a dénoncé la parlementaire.
Le général Béni Xavier Rasolofonirina est accusé d'avoir ordonné à ses troupes de tirer sur la manifestation qui a ouvert la crise fin avril, provoquant la mort de deux manifestants.
La presse d'opposition est mardi à l'unisson des manifestants.
"On ne fait pas du neuf avec du vieux", a prévenu Free News.Considéré comme plus neutre, L'Express de Madagascar a fait le même constat: "Gros lot au HVM, les miettes aux Mapar-Tim".
La date des élections générales n'a pas encore été fixée, mais la HCC a exigé qu'elles se tiennent avant la fin de la saison sèche, soit d'ici fin septembre, et non plus à la fin 2018.
La question est désormais de savoir si le gouvernement d'union nationale parviendra à maintenir le calme jusque-là.
"Le gouvernement a accouché d'un monstre à sept têtes.Il faut l'enterrer sans condition", a déjà tranché mardi Honoré Tsabotokay, un député indépendant.
"Le sang versé ici n'est pas le sang des chiens", a-t-il lancé devant la foule.Avant de lui donner encore une fois rendez-vous mercredi sur la même place du 13-Mai.
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