Après les années de grande morosité, liées notamment à une vague d'attaques jihadistes, le ciel tunisien apparaît de nouveau bleu azur."Pratiquement tous les grands tours-opérateurs qui sont revenus (...) nous disent qu'il y a une augmentation en moyenne de 30% sur les réservations", se réjouit auprès de l'AFP M. Trabelsi.
Au 10 mai, deux millions de personnes avaient ainsi visité la Tunisie, soit 24% de plus qu'il y a un an, et même 7% de plus qu'en 2010, année de référence pour ce secteur pesant environ 7% du PIB tunisien.
Après plusieurs années consécutives de croissance, et le seuil des huit millions franchi l'an dernier, l'objectif est désormais d'atteindre les neuf millions en 2019 --dont un million de Français et 250.000 Britanniques, soit deux fois plus qu'en 2018 pour ces derniers.
Mais le nombre de nuitées et les revenus en devise restent inférieurs à ceux enregistrés en 2010.La clientèle européenne, qui constituait alors la moitié des touristes, en représente désormais moins d'un tiers --au profit d'une clientèle régionale essentiellement.Et le secteur, très endetté, peine à sortir du balnéaire "tout inclus", générant peu de devises.
"Durant la haute saison, la Tunisie va être remplie, mais ce qui nous intéresse c'est l'arrière-saison, de septembre à mars", déclare René Trabelsi qui, derrière son vaste bureau de ministre, a conservé son bagou de voyagiste et la convivialité ayant fait de lui une figure locale.
"On est en négociation avec des tours-opérateurs (...) pour qu'il gardent les avions charters" plus longtemps."Cette année déjà, beaucoup d'hôtels qui fermaient l'hiver depuis la crise, vont rester ouverts", dit-il.
Amateurs de golf, de circuits culturels, de thalassothérapie, ou encore clubs de sports en quête de stages d'entraînement sont autant de clients hors balnéaire à conquérir.
Le ministère soutient ainsi des manifestations comme "Dunes électroniques", qui devrait rassembler des DJ internationaux aux portes du Sahara en septembre, le festival de jazz de Tabarka à l'automne à la frontière algérienne, ou le retour du Rallye automobile de Tunisie.
- "Choquer et alerter" -
"D'énormes efforts" ont été faits pour rétablir la sécurité, après les attentats du musée du Bardo à Tunis et sur une plage de Sousse en 2015 (60 morts dont 59 touristes étrangers), rappelle M. Trabelsi.
Ces derniers mois, de nombreux pays dont la France ou la Grande-Bretagne ont levé les avis négatifs contre les séjours dans le sud du pays.
Mais le ministre appelle désormais ses concitoyens à se mobiliser contre ce qu'il qualifie de "terrorisme environnemental", en commençant par les dépôts anarchiques d'ordures.
"J'utilise ce mot pour choquer et alerter", explique-t-il, en avertissant qu'un "mauvais environnement" fait "fuir les touristes comme quand il y a un attentat".
Après la révolution de 2011, l'Etat et les collectivités locales de transition ont peiné à gérer la question des déchets.Des conseils municipaux ont été élus démocratiquement pour la première fois il y a un an.Mais le travail pour dépolluer l'environnement reste long.
"On a aussi un problème de culture", avance M. Trabelsi: "si chacun balayait devant sa porte, ça serait déjà énorme".
Agé de 56 ans, René Trabelsi, premier ministre de confession juive du pays en un demi-siècle, doit une part de sa notoriété à son rôle dans le pèlerinage annuel juif de la Ghriba (Djerba, sud).
A cinq mois de scrutins nationaux cruciaux, il affirme en revanche que la politique ne l'"intéresse pas".
"Je veux laisser une trace, et les Tunisiens attendent beaucoup de moi: je viens du privé, j'ai une religion différente, donc je n'ai pas le droit à l'échec.(...) Mais une fois ma mission terminée, je retourne à mes affaires", assure-t-il.
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