"Les dernières flambées de violence ont poussé plus de 300.000 personnes à partir", a affirmé Babar Baloch, un porte-parole du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), lors d'un point de presse à Genève.Il a souligné que la situation dans la province d'Ituri s'était gravement détériorée depuis le milieu de la semaine dernière avec de "multiples attaques" impliquant les communautés hema et lendu.Le conflit opposant ces deux groupes ethniques, principalement des éleveurs pour le premier et des cultivateurs pour le second, avait fait des dizaines de milliers de morts entre 1999 et 2003 dans cette province riche en or, frontalière de l'Ouganda et du Soudan du Sud. Il n'avait pris fin qu'avec l'intervention d'une force européenne sous commandement français."Nous sommes débordés par cet afflux des déplacés, 300.000 à 400.000 personnes. La priorité est d'abord de les sécuriser et de faire cesser les violences", a déclaré à l'AFP en RDC Jean Bamanisa Saïdi, gouverneur de la province de l'Ituri."Il faut aussi veiller à la propagation des maladies par des actions préventives, et apporter de la nourriture à ces déplacés", a-t-il ajouté.L'Ituri est touchée à la marge par l'épidémie d'Ebola en RDC qui a fait plus de 1.400 morts, principalement dans la province du Nord-Kivu voisine.M. Baloch a rappelé que les accrochages entre les deux communautés avaient déjà contraint quelque 350.000 personnes à se déplacer à la fin de 2017 et au début de 2018, "mais (que) la situation s'était ensuite calmée".Des "déplacements de grande ampleur" ont été enregistrés dans trois des cinq territoires administratifs de l'Ituri, en particulier celui de Djugu, a-t-il indiqué."Le HCR craint que cette escalade ne s'étende à de vastes parties de la province", a-t-il mis en garde. "Nous sommes très inquiets pour la sécurité des civils après avoir été informés de meurtres, de kidnappings, de mutilations et de violences sexuelles". Selon l'ONU, la plupart des personnes déplacées ont trouvé refuge dans des communautés mais quelque 30.000 se sont présentées à des sites d'accueil "où les conditions sont déjà terribles".Pour le Belge David Van Reybrouck, auteur de "Congo, une histoire", le conflit communautaire de 2003 "ressemblait à une version miniature du génocide de 1994 (au Rwanda). Les Hema, avec leurs vaches, se sentaient proches des Tutsi: une minorité ethnique qui formait la couche supérieure de la société. Les Lendu étaient des cultivateurs qui se comparaient eux-mêmes aux Hutu: nombreux, mais en bas de l'échelle".
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