L'auteur de ce texte, Cheikh Ould Mohamed Ould Mkheïtir, taxé de blasphème envers le prophète de l'islam pour cet article et détenu depuis janvier 2014, a vu sa condamnation à mort pour "apostasie" ramenée en appel à deux ans de prison en novembre 2017 après avoir exprimé son repentir.Il aurait donc dû être remis en liberté, le pourvoi en cassation du parquet n'étant pas suspensif. Mais il a été placé depuis en détention administrative dans un lieu tenu secret, y compris de ses avocats.Lors d'une conférence de presse en forme de bilan jeudi soir, peu avant la fin de la campagne pour l'élection présidentielle de samedi à laquelle il ne peut se représenter après deux mandats, M. Ould Abdel Aziz a justifié cette situation par "sa sécurité personnelle aussi bien que celle du pays"."Nous savons que du point de vue de la loi, il doit être libéré, mais pour des raisons de sécurité, nous ne pouvons mettre en jeu la vie de plus de 4 millions de Mauritaniens", a-t-il répondu à une question sur l'affaire Ould Mkheïtir."Des millions de Mauritaniens étaient descendus dans la rue pour réclamer son exécution, sa remise en liberté signifierait laisser s'installer la pagaille dans le pays", a-t-il fait valoir. Une avocate du jeune homme, Fatimata Mbaye, a qualifié de "choquants" les propos du chef de l'Etat, dans une déclaration à l'AFP vendredi."Ce dossier, c'est lui seul qui le gère. C'est lui qui l'a créé, c'est lui qui le gère", a-t-elle affirmé au sujet du président sortant, soulignant que "ce jeune homme n'est pas détenu dans un lieu connu de la justice".Il s'agit d'un cas de "détention arbitraire", qui constituera pour le prochain président, quel qu'il soit, "un dossier à régler le plus rapidement possible", a estimé Me Mbaye."On est en train de lui léguer un dossier pourri", en raison du tort qu'il a déjà causé à l'image de la Mauritanie, a-t-elle dit.Dans une lettre ouverte rendue publique vendredi, Reporters sans frontières (RSF) et 11 autres ONG exhortent le président Ould Abdel Aziz à "utiliser les quelques semaines qui lui restent à la tête du pays pour mettre fin à la détention illégale" du blogueur.Autrement, "son bilan après 11 années au pouvoir s'en trouverait fortement assombri", selon les organisations, qui ne mentionnent pas les déclarations du président sortant jeudi soir.
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