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Au Soudan, la colère gronde autour du prix de l'électricité

Des centaines de manifestants au Soudan bloquaient dimanche les routes du Nord, notamment vers l'Egypte, pour protester contre le doublement du prix de l'électricité, en dépit d'une décision du pouvoir militaire de geler une augmentation annoncée de 100% des tarifs.

AFRICA RADIO

16 janvier 2022 à 14h21 par AFP

La semaine dernière, le ministère des Finances annonçait une hausse de 100% du prix du kilowatt, déclenchant aussitôt la colère notamment chez les agriculteurs, qui dépendent de l'Electricité pour pomper l'eau nécessaire à l'irrigation. Face au tollé, le Conseil de souveraineté qui dirige le pays avec à sa tête le général putschiste Abdel Fattah al-Burhane, a réagi mercredi annonçant "geler la décision d'augmenter le prix de l'électricité avec effet immédiat". Le gouverneur du Nord avait dénoncé une augmentation "ayant un impact négatif sur l'agriculture et l'industrie" dans sa région limitrophe du grand voisin et partenaire commercial égyptien. Peu satisfaits par ce "gel" et réclamant une annulation pure et simple de cette augmentation, des centaines de manifestants bloquent dimanche les routes reliant la province du Nord [à 350 kilomètres au nord de Khartoum] au reste du pays et surtout à l'Egypte, ont rapporté des témoins. "Aucun véhicule ne passera tant que les autorités n'auront pas annulé cette augmentation, car elle signe l'acte de décès de notre agriculture", martèle à l'AFP Hassan Idriss, l'un des manifestants joint par téléphone. Le Soudan, pris à la gorge par des décennies de sanctions américaines levées récemment, est l'un des pays les plus pauvres au monde. Toute augmentation ou suppression des subventions étatiques sur les produits de base risque d'aggraver encore davantage la profonde crise économique dans laquelle est plongé ce vaste pays d'Afrique de l'Est. Les 45 millions d'habitants du Soudan doivent déjà composer avec une inflation avoisinant les 400% et la chute de la monnaie nationale outre des infrastructures défaillantes. En 2018, la révolte qui renversa l'année suivante le dictateur Omar el-Béchir était née d'une décision du gouvernement de tripler le prix du pain. Et l'ONU a déjà prévenu qu'en 2022, 30% des Soudanais auront besoin d'une aide humanitaire, le taux "le plus élevé depuis une décennie".