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Egypte: la justice écarte toute piste criminelle dans la mort d'un économiste

La justice égyptienne a écarté mardi toute piste criminelle dans la mort de l'économiste Ayman Hadhoud, décédé dans un hôpital psychiatrique public du Caire début mars.

AFRICA RADIO

12 avril 2022 à 20h36 par AFP

Porté disparu le 5 février, Ayman Hadhoud était en charge des questions économiques au sein du parti libéral de la réforme et du développement de Mohamed el-Sadate, député et neveu du président assassiné Sadate qui a récemment négocié la libération de nombreux militants en Egypte. Dans un communiqué diffusé mardi, le ministère public indique que l'économiste est mort le 5 mars, "d'une forte baisse de la circulation sanguine et d'un arrêt cardiaque" à l'hôpital psychiatrique où il était interné suite à des violences. "Les enquêtes confirment qu'il n'y a aucune piste criminelle retenue" pour la mort d'Ayman Hadhoud qui souffrait de "troubles schizophrènes", ainsi que de "délires de persécution et de grandeur", indique le texte. "La détérioration de son état psychologique affectait son état de conscience et a pu entraîner sa mort", poursuit le communiqué du parquet, citant les conclusions d'une commission médicale chargée d'examiner la santé psychologique de l'économiste. Cités dans le communiqué, deux de ses frères, Adel et Abou Bakr, ont eux aussi écarté "toute piste criminelle" dans cette affaire, affirmant que l'économiste décédé avait des antécédents de troubles psychiques. Lundi, le parquet a réclamé une autopsie pour déterminer les causes de la mort de l'économiste, mais les résultats n'ont toujours pas été révélés. Un autre frère d'Ayman Hadhoud, Omar, a de son côté affirmé à l'AFP mardi qu'il réfutait les conclusions du parquet et refusait "d'exclure la piste criminelle" dans cette affaire. "Je ne sais pas qui est responsable de sa mort, mais il était sous la responsabilité du ministère de l'Intérieur et de l'hôpital" psychiatrique d'al-Abbassiya, a dit cet avocat. Dimanche, il avait affirmé à l'AFP que la famille avait été informée en février de la mise en détention d'Ayman dans un commissariat du Caire avant d'apprendre sa mort, un mois plus tard, dans l'hôpital psychiatrique. Dans son communiqué mardi, le ministère public indique que le corps d'Ayman Hadhoud ne présente pas de traces de blessures, mais son frère Omar a affirmé à l'AFP avoir vu "des fractures sur son visage et sur son crâne". Il précise toutefois ne pas savoir si ces traces sont le résultat de l'autopsie qui a été pratiquée. Le ministère de l'Intérieur a, de son côté, démenti les accusations de "disparition forcée", déclarant qu'il avait été interné le 6 février après avoir tenté de s'introduire par effraction dans un appartement du centre du Caire. L'Egypte, pays le plus peuplé du monde arabe avec 103 millions d'habitants, est régulièrement dénoncé pour son bilan en matière de droits humains: il compte 60.000 prisonniers d'opinion selon des groupes de défense des droits humains. Amnesty International et une vingtaine d'ONG ont dénoncé fin 2021, "un bilan catastrophique" avec "des militants pacifiques, des défenseurs des droits humains, des avocats, des universitaires et des journalistes détenus uniquement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d'expression, de réunion pacifique et d'association".