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"Rafiki" : un film pour célébrer une Afrique "joyeuse"

Interdit dans son pays au motif qu'il traite de l'amour entre deux femmes, le film kényan "Rafiki" pourra être vu pendant sept jours à Nairobi et espérer ainsi être en lice pour les Oscars. 

"Je pleure.Je suis dans un a&eacute;roport fran&ccedil;ais.Quelle JOIE!Notre constitution est FORTE!Remerciez la libert&eacute; d'expression!!!!", a r&eacute;agi sur Twitter la r&eacute;alisatrice Wanuri Kahiu qui entend montrer, &agrave; travers son film, une image pop et "joyeuse" de l'Afrique.
En salles &agrave; partir de mercredi en France et en Belgique, "Rafiki" sera diffus&eacute; dans un cin&eacute;ma de Nairobi du 23 au 29 septembre, d'apr&egrave;s le compte Twitter du film.&nbsp;Pour &ecirc;tre s&eacute;lectionn&eacute; aux Oscars, un film doit &ecirc;tre projet&eacute; dans le pays qui le soumet pendant au moins sept jours cons&eacute;cutifs.
Le long-m&eacute;trage avait &eacute;t&eacute; pr&eacute;sent&eacute; avec succ&egrave;s au festival international du cin&eacute;ma de Cannes, sur la riviera fran&ccedil;aise, dans la section "Un Certain Regard" -- premier film k&eacute;nyan vu au festival.
Mais au Kenya, toujours sous le coup des lois datant du colonialisme britannique, l'homosexualit&eacute; reste ill&eacute;gale et la commission de la censure avait interdit le film en raison de "son th&egrave;me homosexuel et de son but &eacute;vident de promouvoir le lesbianisme, ce qui est ill&eacute;gal et heurte la culture et les valeurs morales du peuple k&eacute;nyan".
"Oui, nous vivons dans une soci&eacute;t&eacute; conservatrice", confirmait &agrave; Cannes la r&eacute;alisatrice, qui risquait jusqu'ici la prison en cas de projection sur le sol k&eacute;nyan.
Pour son premier long m&eacute;trage, elle voulait surtout raconter une histoire d'amour "vibrante, moderne et cosmopolite", avec des personnages qui font du skate, portent des tenues sportswear ou des tresses rose bonbon.
"Notre ambition est de s'assurer que l'image de l'Afrique est aussi joyeuse et pleine d'espoir", expliquait celle qui s'est inspir&eacute;e de la nouvelle "Jambula Tree" de l'Ougandaise Monica Arac de Nyeko.Un choix motiv&eacute; "par la belle histoire sur un passage &agrave; l'&acirc;ge adulte, et non par l'histoire d'amour lesbienne".
- Pudique -

Dans "Rafiki", Kena (Samantha Mugatsia) et Ziki (Sheila Munyiva), deux &eacute;tudiantes vivant chez leurs parents, se rencontrent, se d&eacute;couvrent et s'aiment dans un pays o&ugrave; "les filles bien deviennent de bonnes &eacute;pouses".&nbsp;Pudique &agrave; souhait, le film mise sur une r&eacute;alisation sensuelle, privil&eacute;giant l'&eacute;closion des sentiments.&nbsp;
"La sc&egrave;ne d'amour dans le film est tr&egrave;s mesur&eacute;e et attendrissante, les deux personnages ne savent pas ce qu'elles font, elles sont na&iuml;ves et maladroites et ne se d&eacute;shabillent m&ecirc;me pas", souligne la r&eacute;alisatrice.&nbsp;
Avec ce film aux couleurs &eacute;clatantes, Wanuri Kahiu est ravie de montrer une Afrique moderne, "trop souvent r&eacute;duite &agrave; une r&eacute;gion marqu&eacute;e par la guerre, la maladie et la souffrance"."Souvent quand vous voyez des Africains &agrave; l'&eacute;cran, ils portent de l'eau sur la t&ecirc;te.Personnellement, je n'ai jamais fait &ccedil;a, je suis une enfant des villes".
"Ceux qui sont au premier rang pour d&eacute;fendre l'Afrique sont de jeunes artistes pop de tout le continent", affirme la trentenaire, mettant en avant le travail du collectif "AfroBubblegum," qui d&eacute;fend des artistes "audacieux et frivoles" sur le continent.
L'ambition de cette plateforme est de "promouvoir la joie"."C'est tr&egrave;s simple, mais m&ecirc;me cela peut nous mettre en difficult&eacute; par exemple avec ceux qui trouvaient +Rafiki+ in fine trop optimiste".
D&egrave;s 2010, Wanuri Kahiu avait &eacute;t&eacute; remarqu&eacute;e avec "Pumzi", son premier court-m&eacute;trage pr&eacute;sent&eacute; au festival de Sundance, aux &Eacute;tats-Unis.Il s'agissait d'une fable de science-fiction explorant un Kenya post-apocalyptique.Un genre dans lequel elle aimerait replonger pour son prochain film.
"Concernant l'histoire de l'Afrique, on n'entend jamais parler de choses l&eacute;g&egrave;res mais quand on voit la musique et la danse, &ccedil;a ne peut pas &ecirc;tre uniquement le produit de la souffrance", souligne-t-elle, citant la Nig&eacute;riane Chimamanda Ngozi Adichie, auteure au succ&egrave;s mondial (avec son roman "Americanah") et &eacute;g&eacute;rie f&eacute;ministe.

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