"Ce geste s'inscrit dans le cadre des commémorations des 80 ans de la libération de la France comme dans la perspective du 80e anniversaire des évènements de Thiaroye, dans la droite ligne mémorielle du président de la République (Emmanuel Macron) qui souhaite que nous regardions notre histoire +en face+", a indiqué dimanche 28 juin à l'AFP le secrétariat d'Etat français chargé des Anciens combattants et de la Mémoire.
Cette mention de "Morts pour la France" a été attribuée par une décision datée du 18 juin dernier à ces six tirailleurs par l'Office national français des combattants et des victimes de guerre (ONaCVG). Elle concerne "quatre tirailleurs originaires du Sénégal, un de Côte d'Ivoire et un de Haute-Volta" (devenu le Burkina Faso). Cette première décision "pourra être complétée dès lors que l'identité exacte d'autres victimes aura pu être établie", a précisé le secrétariat d'Etat.
Un geste pas suffisant pour certains
Armelle Mabon est historienne, enseignante-chercheuse à l'université Bretagne Sud (Lorient), membre du Centre de recherches historiques de l'Ouest (Cerhio). Elle est notamment l'auteure du documentaire Oubliés et trahis. Les prisonniers de guerre coloniaux et nord-africains (Grenade productions, 2003). Elle travaille sur le massacre de Thiaroye depuis de longues années. Elle évoque un petit pas des autorités.
“ C’est une satisfaction, certainement. Mais ce n’est pas suffisant. Il faut absolument que le ministère des armées nous donne la liste des victimes. Il y en a que 6 qui sont reconnus morts pour la France, parce que l’armée a des dossiers que pour six anciens ex-prisonniers de guerre. Je pense qu’on est vraiment très loin du compte. On n’a même pas la liste des 35 morts officiels, alors qu’ils sont certainement 10 fois plus nombreux “ déclare-t-elle
Le 1er décembre 1944, au camp militaire de Thiaroye, près de Dakar, des troupes coloniales et des gendarmes français avaient tiré sur ordre d’officiers de l’armée française sur des tirailleurs rapatriés qui réclamaient leurs arriérés de solde. Selon le bilan dressé par les autorités françaises à l'époque, au moins 35 tirailleurs avaient trouvé la mort, sur place ou des suites de leurs blessures. Un chiffre qui reste encore sujet à controverse, des historiens l'estimant beaucoup plus élevé. Djibril Doucouré est le fils de Souleymane Doucouré, tirailleur, rescapé du massacre de Thiaroye mais spolié de ses droits. Son fils se bat pour la reconnaissance des droits de son père. Aujourd’hui, Djibril Doucouré salue le geste de la France, mais aimerait une reconnaissance officielle de tous les morts de Thiaroye “ On aimerait qu’il y ait une commémoration tous les ans en hommage aux victimes du massacre, comme en Normandie tous les 6 juin. Les morts de Thiaroye méritent une statue, un monument en France” affirme-t-il
Réaction vive du Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko
Le traumatisme et le souvenir de ce massacre sont toujours vifs au Sénégal et sur le continent africain.
Nous demandons au gouvernement français de revoir ses méthodes, car les temps ont changé !
— Ousmane Sonko (@SonkoOfficiel) July 28, 2024
D'aucuns ont salué comme une grande avancée la décision des autorités françaises d’accorder leur « reconnaissance » à six des soldats africains froidement abattus en 1944 au camp de… pic.twitter.com/RZTQyfGb3h
Cette reconnaissance par la France n'est pas du goût du Premier ministre sénégalais. Ousmane Sonko a réagi dimanche 28 juin, sur Facebook. Ce n'est pas à la France de fixer unilatéralement le nombre d'Africains trahis et assassinés après avoir contribué à la sauver, ni le type et la portée de la reconnaissance et des réparations qu'ils méritent. » affirme Ousmane Sonko, qui signe ses propos en tant que président de son parti, le Pastef-Les Patriotes, et non en tant que chef du gouvernement.
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