Sciences Po : “Le nettoyage, c’est de l’esclavage ici !” les grévistes et étudiants occupent l'université

Actus. Les agents d’entretien de Sciences Po Paris, rejoints par les syndicats, collectifs et étudiants, occupent le bâtiment historique de l'école. Jeudi 6 mars, ils ont tenu un piquet de grève devant le campus parisien. Ils dénoncent leur situation précaire, qui se dégrade depuis plus de deux ans, et accusent l’université d’en être responsable.

Sciences Po : “Le nettoyage, c’est de l’esclavage ici !” les grévistes et étudiants occupent l'université
Jeudi 6 mars, les agents d'entretien de la prestigieuse université Sciences Po se sont mis en grève. - Aurélie Lafeil

Une centaine de personnes occupent depuis 8 heures du matin le bâtiment de l'université de Sciences Po Paris situé au 27 rue Saint-Guillaume. Ce campus est hautement symbolique puisque les  bureaux de l'administration s'y trouvent. Les grévistes, leurs syndicats, des collectifs et des étudiants demandent à rencontrer le directeur, Luis Vassy pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail. En fin de matinée, l'occupation est levée, la grève se poursuivra dès lundi 10 mars. 

La veille, jeudi 6 mars, les soixante-dix-sept agnst agents d'entretien, siflets en bouche et chasuble orange sur le dos commençaient la grève au pied de l'établissement. Le rassemblement était festif, d’une seule voix : “Le nettoyage, c’est de l’esclavage ici !

Dès 6 heures du matin, les agents débutent leur piquet de grève. Depuis 2017, ils sont employés sur les sites de l’université. Cependant, les "conditions de travail se sont dégradées depuis plus de deux ans", déplore Layla Mabrouk, représentante syndicale du personnel et co-responsable des sites et des équipes.

La grève sera maintenue jusqu'à l'obtention de toutes les revendications

Le cortège tente de rentrer dans l’enceinte, mais les portes sont closes. Alors, ils s’avancent vers le nouveau campus, place Saint-Thomas d’Aquin, et s’y engouffrent. François Ruffin, député Écologiste et Social, les rejoint et en profite pour annoncer un don de 500 euros pour la caisse de grève, en invitant les élus à faire de même, d'après une étudiante membre du Collectif du Lien Sciences Po.

La troupe décide de retourner “au 27”, un lieu symbolique puisqu’il s’agit des locaux historiques de l'Institut d'études politiques et également des quartiers de l’administration. Au mégaphone, Layla Mabrouk et d’autres membres de son équipe appellent à laisser un passage pour les voitures et à garder un chemin pour les personnes voulant rentrer dans le campus.

 
 
 
 
 
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Lors du dernier renouvellement de contrat en 2021, l’université aurait demandé “de réduire de 700 heures” mensuelles le contrat des agents d’entretien, selon la co-responsable, sans augmenter le nombre de personnels. Pour Sciences Po, cette suppression aurait été proposée par “Atalian lui-même”. Formulé selon eux, pour pallier aux batiments "fermés le samedi”. 

La représentante syndicale accompagnée des syndicats admet avoir fait "pression" sur son employeur pour avoir accès aux échanges d'e-mails entre les deux acteurs. Ceux-ci indiqueraient que cette requête émane de l’Institut d'études politiques. L’école soutient avoir “maintenu la rémunération du prestataire” malgré cette baisse.

Une fois sortie du campus de Saint Thomas, les grévistes ne sont plus autorisés à pénétrer dans l'enceinte.//crédit : Aurélie Lafeil

Gavroche rose sur la tête, Souad Elkouz est coincée entre le mur et des membres du syndicat CFDT (Confédération Française Démocratique du Travail), qui représente les salariés. Elle demande comme ses collègues, "la mise en place d’un 13e mois et des primes de fin d’année". Une demande à laquelle Atalian, l'employeur doit répondre. 

Contactée, l'entreprise n'a pas souhaité prendre la parole. 

400 euros par mois

La plupart d’entre eux perçoivent 400 euros par mois pour “deux voire deux heures et demie de travail par jour”, selon Layla Mabrouk. Pour l’étudiante du collectif, les autres collectifs étudiants, les syndicats et les grévistes, ces “doyens de l’université”, qui, pour certains, travaillent depuis plus de trente ans “sur les mêmes sites”, devraient être requalifiés - passer du CDD au CDI et être intégrés à l’école.

Au centre Layla Mabrouk, représentante syndicale du personnel et co-responsable des sites et des équipes devant Science Po Paris.//crédit : Aurélie Lafeil

Les salariés poursuivront la mobilisation jusqu’à la fin de leur contrat, fin avril, date à laquelle Atalian a décidé d'y mettre un terme. Représentant les travailleurs de Sciences Po, la déléguée syndical autonome pour Science Po FO ESR (force ouvrière - enseignement supérieur et de la recherche ) et assistante de communication au sein de la bibliothèque, Sandrine Lancereau espère voir autour de la table des négociations les délégués syndicaux FO, CFDT et de Sciences Po, ainsi que la direction de Sciences Po et celle d’Atalian, "afin que les travailleurs soient payés correctement, qu'ils aient suffisamment de temps pour faire leur travail, qu'ils disposent du matériel nécessaire et que les locaux soient accueillants pour eux, que ce soit avec ce prestataire ou avec un autre".

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Les cours, censés commencer en début de matinée, ont été dématérialisés ce jour-là. La veille, les élèves ont été prévenus par la direction sur leurs adresses e-mail d'éventuelles “perturbations dans le nettoyage” leur demandant d'être vigilants.

Afin de “minimiser l’impact de la grève” sur la journée des étudiants, les enseignants ont donné leurs cours en ligne jeudi matin. Une tentative de "briser" la mobilisation et “d’invisibiliser les travailleurs”, selon une l'étudiante.

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