En Côte d’Ivoire, la ministre de la Cohésion nationale Myss Belmonde Dogo a annoncé jeudi 14 août que tous les corps identifiés de victimes de la crise post-électorale de 2010-2011 avaient été remis à leurs familles. Au total, 67 dépouilles ont été restituées après un processus d’identification entamé il y a plusieurs années.
De fin 2010 à avril 2011, le pays avait sombré dans une violente crise à la suite de l’élection présidentielle opposant Laurent Gbagbo à Alassane Ouattara, ce dernier ayant été déclaré vainqueur par la Commission électorale. Contesté par son rival, le scrutin avait déclenché un conflit qui fit environ 3.000 morts, avec l’ouest du pays comme principal épicentre des violences.
Un lourd héritage dans l’ouest ivoirien
Selon la ministre, la restitution des corps s’est déroulée sur plusieurs années. « Depuis 2023, dans le grand ouest, nous avons remis 53 corps, et à Abidjan 14 », a-t-elle précisé, en marge d’un forum pour la paix à Guiglo. La dernière remise, en mai à Duékoué, a concerné six dépouilles.
Certains corps avaient été directement récupérés par leurs proches après les violences, tandis que d’autres avaient été transportés dans des morgues pour identification. Myss Belmonde Dogo a assuré que « la restitution est terminée » pour tous les corps identifiés et a invité « l’Ivoirien lambda » à en prendre connaissance.
Des familles toujours dans l’attente
Plusieurs responsables associatifs contestent toutefois cette affirmation. D’après eux, certaines familles attendraient toujours la restitution de proches exhumés de fosses communes et transférés à Abidjan pour autopsie après la crise. « Ce n’est pas juste, ce n’est pas normal », a réagi Léonard Kei, président d’une association membre de la Confédération des organisations des victimes de crises ivoiriennes (Covici).
En réponse, la ministre a appelé les familles qui se trouvent dans ce cas à saisir le ministère de la Solidarité ou celui de la Justice.
Un contexte politique sensible
Cette annonce intervient à un peu plus de deux mois de l’élection présidentielle du 25 octobre prochain, à laquelle Alassane Ouattara est candidat pour un quatrième mandat. La question de la mémoire des victimes et de la réconciliation nationale reste un enjeu majeur dans un pays encore marqué par les fractures de la crise post-électorale.
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