Au Soudan du Sud, où sont passés les milliards de dollars de l'argent du pétrole ?

Actus. Depuis 2011, les élites du Soudan du Sud ont détourné des milliards issus du pétrole, plongeant la population dans la pauvreté extrême, selon un rapport accablant de l’ONU publié mardi 16 septembre.

Au Soudan du Sud, où sont passés les milliards de dollars de l'argent du pétrole ?
Selon le rapport de la Commission des droits de l'Homme, la manne pétrolière a profité "de manière disproportionnée" aux ministères contrôlés par le parti de Salva Kiir, président du Soudan du Sud. - Utenriksdepartementet UD - Flickr

Les élites du Soudan du Sud ont détourné la quasi-totalité des revenus pétroliers depuis l’indépendance en 2011, privant l’État de ressources essentielles et plongeant la population dans la misère, dénonce un rapport publié mardi 16 septembre par l’ONU.

Des milliards introuvables

Selon la Commission des droits de l’Homme au Soudan du Sud, mandatée par le Conseil des droits humains de l’ONU, le pétrole a généré 25,2 milliards de dollars (21,3 milliards d’euros) de revenus depuis 2011, dont l’utilisation a été "presque entièrement opaque". Pendant ce temps, le PIB par habitant est tombé à "un quart de ce qu’il était à l’indépendance". Le pays se classe 192e sur 193 à l’indice de développement humain (IDH), avec "la plupart des gens vivant dans une pauvreté extrême et souffrant de faim aiguë".

L’un des principaux détournements concerne le programme "Pétrole contre routes", censé moderniser les infrastructures. Entre 2021 et 2024, il a absorbé 2,2 milliards de dollars, dont 1,7 milliard sont "intraçables". Les routes, quand elles existent, sont inachevées, surévaluées ou en deçà des normes promises.

Corruption et tensions politiques

L’argent a transité par des entreprises liées à Benjamin Bol Mel, promu vice-président en février et pressenti comme possible successeur du président Salva Kiir. La manne pétrolière a bénéficié "de manière disproportionnée" aux ministères contrôlés par le parti présidentiel, qui ont dépensé "près de six fois plus" que ceux de l’ex-vice-président Riek Machar, selon l’ONU.

Cette corruption endémique survient alors que l’accord de partage du pouvoir entre Salva Kiir et Riek Machar s’effondre, faisant resurgir le spectre d’un nouveau conflit. La semaine dernière, Riek Machar a été inculpé pour crimes contre l’humanité, une accusation qualifiée de "montée de toutes pièces" par ses soutiens, qui appellent désormais à un "changement de régime".

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