Jeunes présumés mineurs "errant" dans les rues : les chiffres inquiétants d'une nouvelle enquête

Actus. La Coordination nationale Jeunes Exilé·es en Danger (CNJED) souhaite, avec sa nouvelle enquête menée en France, alerter les pouvoirs publics sur les conditions de vie précaires des jeunes demandant la reconnaissance de leur minorité. Leurs recherches révèlent une augmentation du nombre de jeunes filles vivant à la rue.

Jeunes présumés mineurs "errant" dans les rues : les chiffres inquiétants d'une nouvelle enquête
Un groupe de personnes migrantes au bord du canal Saint-Martin à Paris en 2018. - Wikimedia Commons

Motivée par le manque de données gouvernementales sur le nombre et les conditions de vie des jeunes migrants en attente de reconnaissance de minorité, la CNJED - la Coordination nationale Jeunes Exilé·es en Danger, qui rassemble des dizaines d'associations - a permis un recensement des jeunes présumés mineurs isolés engagés dans une procédure judiciaire. Au moins 3 273 jeunes vivent actuellement en errance en France métropolitaine.

Une reconnaissance inégale selon le département

Dans le détail, près d’un tiers des mineurs présumés recensés "vivent à la rue dans l’attente d’être vus par un juge des enfants ou par la cour d’appel". Les autres sont hébergés dans des structures solidaires ou dans des dispositifs d’urgence souvent inadaptés à leur profil. Avec ce travail, la CNJED souhaite alerter sur leurs conditions de vie alarmantes portant atteinte à leur santé physique et mentale.

Une hausse "préoccupante"

Une forte disparité territoriale a été observée par les enquêteurs selon les départements. En moyenne, 60% des jeunes obtiennent la reconnaissance de minorité, mais ce taux varie de 3% à 100% selon la ville où le jeune a été pris en charge.

"La part des jeunes filles recensées a presque doublé en un an", révèle l’enquête, passant de 5,98% en 2024 (soit 208 jeunes) à 10,85% en 2025 (soit 355 jeunes). Une hausse "préoccupante", au vu des risques spécifiques auxquels elles peuvent être confrontées. Chez les garçons, les chiffres sont en baisse : de 3 629 en 2024, ils passent à 2 918 en 2025.

Une prise en charge plus longue

Lorsqu’une personne se déclare mineure, un accueil provisoire est mis en place par la structure où elle se trouve. Ce délai de cinq jours permet aux évaluateurs de réaliser un examen de reconnaissance. Si un recours est engagé, l’attente peut s’étendre sur plusieurs mois, sans qu’aucune solution d’hébergement ne soit prévue par l’État.

Le travail mené par la CNJED vise à rendre visible cette réalité et à interpeller les pouvoirs publics. Même des institutions comme la Commission nationale consultative des droits de l’homme ou le Comité des droits de l’enfant de l’ONU – qui a condamnée à deux reprises la France – n’ont pas permis de faire évoluer la législation.

Bien que le chiffre de 3 273 soit une estimation vue à la baisse, elle met en lumière le manque de protection de ces jeunes, conclut la coordination. La CNJED plaide pour qu'une prise en charge soit mise en place dès la saisine du juge pour enfant.

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