Guinée-Bissau : la Cedeao rencontre la junte et exige un retour à l’ordre constitutionnel

Actus. Une délégation de la Cedeao a rencontré lundi à Bissau les militaires auteurs du coup d’État du 26 novembre, réaffirmant sa condamnation du putsch et appelant au rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel et du processus électoral. Au même moment, le Nigeria annonçait l’octroi de l’asile politique à l’opposant Fernando Dias, qui affirme avoir remporté la présidentielle interrompue et avoir échappé à une arrestation le jour du putsch, accentuant encore les tensions autour de la transition en Guinée-Bissau.

Guinée-Bissau : la Cedeao rencontre la junte et exige un retour à l’ordre constitutionnel
Julius Maada Bio, président de la Sierra Leone et de la Cedeao et Horta Ntam, président de la Transition de Guinée-Bissau - X / Ecowas

Le 26 novembre, veille de l'annonce prévue des résultats des élections présidentielle et législatives dans ce pays lusophone d'Afrique de l'Ouest, des militaires ont renversé le président sortant Embalo et suspendu le processus électoral en cours.

"Nous avons eu des discussions productives, les deux parties ont exprimé leurs inquiétudes", a déclaré à la presse, à l'issue de la rencontre avec la junte, Alhaji Musa Timothy Kabba, ministre des Affaires étrangères de Sierra
Leone, dont le président Julius Maada Bio dirigeait la délégation de l'organisation régionale ouest-africaine.

La délégation a "condamné le coup d'Etat et demandé le rétablissement immédiat de l'ordre constitutionnel, ce qui implique notamment de permettre au processus électoral d'aboutir à sa conclusion logique", a ajouté M. Kabba.

Président en exercice de la Cedeao, Julius Maada Bio, a indiqué sur X son "soutien inconditionnel au rétablissement de l'ordre constitutionnel". Depuis le putsch, la Cedeao a suspendu la Guinée-Bissau de "tous ses organes
décisionnels".

De son côté, Joao Bernardo Vieira, ministre des Affaires étrangères tout juste nommé par la junte, a salué une "réunion très productive" et s'est engagé à "poursuivre les discussions pour trouver une solution le plus rapidement possible".

Le Nigeria a accordé l'asile politique à Fernando Dias

Le Nigeria a accordé l'asile politique à Fernando Dias qui avait raconté le lendemain du putsch à l'AFP "être en sécurité" et se cacher dans le pays, après avoir pu échapper la veille à des hommes armés arrivés à son siège de
campagne à Bissau pour l'arrêter. Il avait affirmé le même jour avoir remporté la présidentielle, accusant M. Embalo d'avoir "organisé" le putsch ayant interrompu le processus électoral et porté des militaires au pouvoir.

Lire aussi : Coup d’État en Guinée-Bissau : «Beaucoup de zones d’ombre» selon le chercheur Vincent Foucher

Cette décision n'est "guidée que par les seuls impératifs de la paix, de la sécurité des personnes et de la stabilité régionale", conformément au "rôle historique du Nigeria comme force de stabilisation en Afrique de l'Ouest",
selon le porte-parole.du ministère nigérian des Affaires étrangères Alkasim Abdulkadir

Brièvement arrêté par les militaires le jour du putsch, puis parti au Sénégal le lendemain dans un vol affrété par le gouvernement sénégalais, le président sortant Embalo est de son côté arrivé samedi "à Brazzaville pour y
rester", selon une source proche de la présidence congolaise ayant requis l'anonymat.

La Guinée-Bissau, un pays marqué par plusieurs coups d'État et tentatives 

L'histoire de la Guinée-Bissau, pays lusophone d'Afrique de l'Ouest un peu plus grand que la Belgique, est jalonnée de coups de force, réussis ou ratés, et de troubles politiques. La junte dirigée par le général Horta N'Tam, un proche de M. Embalo, a formé samedi un nouveau gouvernement composé de 28 membres, en majorité des civils.

Les militaires avaient invoqué la découverte par les "renseignements généraux" d'un "plan visant à déstabiliser le pays avec l'implication des barons nationaux de la drogue" pour justifier leur prise de pouvoir.

La Guinée-Bissau est considérée comme une plaque tournante du trafic de drogue entre l'Amérique latine et l'Europe, au point que certains analystes le considèrent comme un "narco-Etat" et que certains de ses responsables sont qualifiés par les Etats-Unis de "barons de la drogue".

Situé entre le Sénégal et la Guinée (Conakry), le pays avait déjà connu quatre coups d'Etat et une kyrielle de tentatives de putsch depuis son indépendance du Portugal en 1974. La proclamation des résultats électoraux y a souvent donné lieu à des contestations.

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