Amnesty demande au président ougandais de rejeter une loi anti-LGBTQ
L'ONG Amnesty International a demandé mercredi au président ougandais Yoweri Museveni de rejeter une loi contre l'homosexualité adoptée par le parlement mardi soir, la qualifiant d'"assaut sérieux" contre la communauté LGBTQ+.
22 mars 2023 à 9h36 par AFP
Le parlement ougandais a voté mardi soir, lors d'une séance agitée, une loi prévoyant de lourdes peines pour les personnes entretenant des relations homosexuelles. Les députés ont considérablement amendé le texte initial qui prévoyait jusqu'à 10 ans de prison pour toute personne se livrant à des actes homosexuels ou se revendiquant comme LGBTQ+, dans un pays où l'homosexualité était déjà illégale. L'étendue des nouvelles peines prévues par la loi n'était pas connue dans l'immédiat. "Cette loi ambigüe, vaguement formulée, criminalise même ceux qui +font la promotion+ de l'homosexualité", a souligné dans un communiqué Tigere Chagutah, le directeur d'Amnesty pour l'Afrique de l'Est et du Sud. Fox Odoi-Oywelowo, un élu du Mouvement de résistance nationale, le parti du président Museveni, a pris position contre le texte. Le député a dit à l'AFP que selon la version finale de la législation, les contrevenants risquent une peine de prison à vie ou même la peine de mort pour des délits "aggravés". Amnesty a estimé que M. Museveni devait "urgemment mettre un veto à cette loi consternante", ajoutant qu'elle "institutionaliserait la discrimination, la haine et les préjugés" contre la communauté LGBTQ+. Les débats sur ce texte au parlement ont été émaillés de paroles homophobes, M. Museveni lui-même ayant fait référence la semaine dernière aux homosexuels comme à des personnes "déviantes". Toutefois, le dirigeant de 78 ans a souvent estimé que le sujet n'était pas une priorité à ses yeux et qu'il préférait conserver de bonnes relations avec ses donateurs occidentaux et les investisseurs. L'Ouganda a une stricte législation anti-homosexualité - un héritage des lois coloniales - mais depuis l'indépendance du Royaume-Uni en 1962, il n'y a eu aucune poursuite pour des actes homosexuels consentis. En 2014, un tribunal ougandais avait bloqué un projet de loi, approuvé par les députés et signé par le président Museveni, pour punir les relations homosexuelles de prison à vie. Ce texte avait suscité un tollé au-delà des frontières ougandaises, certains pays riches ayant suspendu leur aide après sa présentation au parlement. La semaine dernière, la police a annoncé l'arrestation de six hommes pour "pratique de l'homosexualité" à Jinja (sud). Six autres hommes ont été interpellés sur la même accusation dimanche, selon la police.