Ethiopie: l'armée dément avoir exécuté des soldats soudanais
L'armée éthiopienne a démenti mardi avoir exécuté sept soldats et un civil soudanais capturés à sa frontière avec le Soudan, comme l'en a accusé Khartoum la veille, assurant opérer "dans le respect de la loi".
28 juin 2022 à 17h51 par AFP
Selon Khartoum, les soldats soudanais ont été ramenés en Ethiopie après avoir été faits prisonniers le 22 juin par des militaire éthiopiens dans la zone d'Al-Fashaga, des terres fertiles dans l'Etat soudanais de Gedaref (est), objet d'un conflit frontalier entre le Soudan et l'Ethiopie. Addis Abeba affirme au contraire que ce sont les militaires soudanais qui ont pénétré en territoire éthiopien. Et l'armée fédérale éthiopienne assure qu'ils ont affronté une milice locale et non ses soldats, absents dans la zone. "Il est totalement inacceptable que le Soudan accuse (l'armée éthiopienne) d'avoir tué des prisonniers alors que celle-ci n'était pas présente dans la zone" des faits, a expliqué mardi à la presse le directeur des Relations publiques des forces de défense éthiopiennes, le colonel Getnet Adane. "Si l'armée éthiopienne avait été présente dans la zone, elle les auraient traités conformément à la loi, c'est un trait distinctif" de l'armée éthiopienne, a-t-il assuré. Il a également prévenu: "si notre gouvernement nous ordonne de prendre des mesures (...) nous chasserons (les militaires soudanais) de notre terre saisie par la force et rétablirons la souveraineté de l'Ethiopie, à la façon d'une armée régulière et moderne, de façon claire et ouverte, pas en nous cachant comme des bandits comme ils l'affirment". Dans un communiqué, l'armée éthiopienne a indiqué que les affrontements avaient causé des pertes dans chaque camp. "Il est notoire que l'armée" éthiopienne "exécute ses missions dans le respect de la loi et des procédures", affirme l'institution, se disant "prête à coopérer avec quiconque veut enquêter pour établir la vérité face à la propagande mensongère visant notre armée". Le Soudan a rappelé lundi soir son ambassadeur en Ethiopie, malgré le démenti plus tôt du gouvernement éthiopien, en conflit pour la terre et l'eau avec Khartoum depuis des années. Khartoum a en outre annoncé déposer plainte auprès du Conseil de sécurité de l'ONU et des organisations régionales. Les accrochages, parfois mortels, sont réguliers dans la zone d'Al-Fashaga. Ils se sont intensifiés depuis fin 2020 et la guerre entre Addis Abeba et les rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). Ce conflit frontalier alimente les tensions entre Soudan et Ethiopie, jamais encore parvenus à un accord sur le tracé de leur frontière et qui s'opposent en outre depuis plus de 10 ans à propos du Grand barrage de la Renaissance (Gerd) construit par l'Ethiopie sur le Nil.