Guinée: l'opposition reporte une manifestation pour "donner une chance aux discussions"

L'opposition en Guinée a reporté une manifestation prévue lundi à Conakry pour "donner une chance aux discussions" avec la junte après avoir obtenu l'abandon des poursuites contre un de ses cadres, a appris l'AFP auprès d'un de ses responsables.

AFRICA RADIO

19 mars 2023 à 8h36 par AFP

Les autorités ont classé vendredi le dossier d'Abdoul Sacko, un cadre des Forces vives, une coalition des principaux partis, de syndicats et d'organisations non-gouvernementales. M. Sacko avait été interpellé le 11 mars, apparemment en dehors de toute procédure, et relâché le même jour, alors que des leaders religieux tentaient de mettre fin à des mois de silence entre junte et opposition et de dissiper des tensions menaçant de dégénérer dans ce pays coutumier des violences politiques. Il avait être inquiété pour son implication dans l'organisation de manifestations interdites. Les Forces vives avaient réclamé que M. Sacko soit mis hors de cause. "Les religieux (musulmans et chrétiens) ont obtenu la libération d'Abdoul Sacko comme nous l'avons demandé et l'abandon des poursuites contre lui", a affirmé samedi soir à l'AFP Rafiou Sow, un responsable des Forces vives. "C'est ce qu'on demandait. Du moment où on a obtenu (la satisfaction de cette exigence), on est obligé de reporter la manifestation pour donner une chance aux discussions", a ajouté M. Sow. L'information sur le report de la manifestation prévue lundi a été confirmée samedi soir à l'AFP par une autre source proche des Forces vives qui s'est voulue anonynyme. Après avoir reporté une manifestation prévue le 9 mars pour laisser sa chance à la médiation, les Forces vives avaient appelé à une marche "pacifique" lundi. Elles réclament un retour rapide des civils au pouvoir et la libération de tous les prisonniers qu'elles considèrent comme politiques. La junte qui a pris le pouvoir par la force en 2021 a interdit toute manifestation. Le Front national de défense de la Constitution (FNDC), l'une des composantes des Forces vives, a indiqué cette semaine sur les réseaux sociaux avoir dénombré 17 morts, victimes de la "répression sanglante" exercée par le pouvoir et quasiment tous tués par balle, depuis le début de la contestation contre la junte à l'été 2022. Les militaires se sont engagés sous pression internationale à céder la place à des civils élus d'ici à fin 2024, le temps de mener de profondes réformes, disent-ils.