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L'ONU s'alarme des évasions de prisonniers au Soudan

L'ONU a fait part de son inquiétude vendredi face à l'évasion de prisonniers au Soudan, dont un suspect de crimes contre l'humanité, et dénoncé le "climat d'impunité généralisée" dans ce pays où des combats meurtriers ont éclaté mi-avril.

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28 avril 2023 à 14h06 par AFP

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme a également prévenu que le conflit ravivait les affrontements ethniques dans la région occidentale du Darfour. "Nous sommes très, très profondément alarmés par les évasions de prison", a déclaré une porte-parole du Haut-Commissariat, Ravina Shamdasani, lors d'un point de presse régulier à Genève. "Nous sommes très préoccupés par la perspective de nouvelles violences, dans un climat d'impunité généralisée", a-t-elle ajouté. Les combats meurtriers au Soudan opposent les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo à l'armée régulière du général Abdel Fattah al-Burhane, alliés lors du coup d'Etat d'octobre 2021. Dans le chaos général, des centaines de détenus se sont évadés de trois prisons, en particulier Kober, où était détenu le premier cercle de l'ancien dictateur Omar el-Béchir, dont plusieurs hommes recherchés par la Cour pénale internationale (CPI) pour "crimes de guerre" et "crimes contre l'humanité" au Darfour. Mme Shamdasani a expliqué que l'impunité constitue depuis longtemps un problème au Soudan et explique aussi "une grande partie" des violences actuelles qui ont fait plus de 500 morts en près de deux semaines. L'ONU n'a pas encore été en mesure de vérifier le bilan communiqué par le ministère soudanais de la Santé, mais Mme Shamdasani a prévenu qu'il était probablement "largement sous-estimé". "La situation des droits humains continue de se détériorer de façon dramatique", a-t-elle déploré. Des centaines de milliers de personnes ont fui leur domicile et des dizaines de milliers d'autres se sont réfugiées dans les pays voisins. Mais Mme Shamdasani a prévenu que "des milliers de personnes sont encore prises au piège dans les zones résidentielles où se déroulent les combats (...) et tentent de profiter de toute accalmie" pour se réfugier dans des endroits plus sûrs. Mais "les gens continuent également d'être expulsés de force de chez eux par les FSR et subissent des pillages, des extorsions" et manquent de tout, a-t-elle ajouté. Le Haut-Commissariat est également préoccupé "par le risque sérieux d'escalade de la violence dans l'ouest du Darfour", a déclaré Mme Shamdasani, avertissant que les hostilités entre l'armée et les FSR "ont déclenché des violences intercommunautaires". "A El Geneina, dans l'ouest du Darfour, des affrontements ethniques meurtriers ont été signalés, avec environ 96 personnes tuées depuis le 24 avril", a-t-elle déclaré.