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Les dirigeants africains en quête d'une voix commune pour une croissance verte

Le premier Sommet africain sur le climat s'achève mercredi avec 23 milliards de dollars de promesses d'investissement dans les énergies renouvelables, au terme de trois jours de discussions destinées à promouvoir le "potentiel unique" du continent pour lutter contre le réchauffement climatique.

AFRICA RADIO

6 septembre 2023 à 13h06 par AFP

Nairobi (AFP)

"Nous avons démontré avec succès que les solutions africaines ne sont pas seulement appropriées pour les problèmes de l'Afrique, mais qu'elles sont nécessaires au bien-être mondial", s'est félicité le président kényan William Ruto mercredi dans un discours. 

"Une nouvelle Afrique est là et elle est sérieuse", a-t-il affirmé.

Une déclaration finale, attendue dans l'après-midi et présentée par le président kényan comme "une position commune" du continent sur la question climatique, devrait également appeler la communauté internationale en allégeant le fardeau écrasant de la dette.

Elle devrait aussi rappeler aux riches pays pollueurs d'honorer leurs promesses de financement climatique.

Cette vision commune sur le développement vert de l'Afrique sera portée lors de quatre mois de réunions internationales à venir. 

Après le sommet du G20 en Inde le week-end prochain, l'Assemblée générale des Nations unies ce mois-ci, la réunion annuelle de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) à Marrakech en octobre, ces négociations culmineront avec la conférence de l'ONU sur le climat (COP28) de Dubaï fin novembre, qui devrait donner lieu à de vifs débats sur la fin des énergies fossiles.

Mais trouver un consensus au sein d'un continent où vivent 1,4 milliard d'habitants dans 54 pays politiquement et économiquement divers n'est pas aisé, certains gouvernements militant pour un avenir tourné vers les énergies renouvelables quand d'autres dépendent de leurs ressources de combustibles fossiles.

- "Miracle africain" -

William Ruto a affirmé mardi que les dirigeants du continent imaginaient un "avenir dans lequel l'Afrique entrerait enfin sur la scène en tant que puissance économique et industrielle, acteur efficace et positif sur la scène mondiale".

Avec une population jeune et de vastes ressources naturelles, l'Afrique peut participer à bâtir une alternative aux combustibles fossiles polluants.

Outre un potentiel naturel pour générer directement des énergies propres (solaire, éolien, géothermie...), le continent abrite également 40% des réserves mondiales de cobalt, de manganèse et de platine, essentiels pour les batteries et les piles à hydrogène.

Malgré seulement 3% des investissements énergétiques dans le monde y sont réalisés.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé à faire de l'Afrique "une superpuissance des énergies renouvelables"."Les énergies renouvelables pourraient être le miracle (économique) africain", a-t-il estimé.

Mardi, les Emirats arabes unis ont promis 4,5 milliards de dollars (4,1 milliards d'euros) d'investissement dans les énergies propres en Afrique.

Dans un rapport publié mercredi, l'Agence internationale de l'énergie et la Banque africaine de développement ont exhorté donateurs et institutions internationales à multiplier par dix leurs "financements concessionnels" - c'est-à-dire à des taux préférentiels - afin d'encourager les investissements privés dans le secteur énergétique.

- Appels à réformes -

Les défis restent immenses dans un continent où 500 millions de personnes n'ont pas accès à l'électricité.

Les pays africains sont notamment paralysés par le fardeau croissant de leur dette et le manque de financements. 

Plusieurs dirigeants du continent, mais aussi Antonio Guterres et l'Emirati Sultan al Jaber, ont appelé mardi à une réforme du système financier international - un système "dépassé, injuste et dysfonctionnel", selon le chef de l'ONU - pour l'adapter aux exigences de la lutte contre le réchauffement climatique. 

À l’échelle mondiale, les pays riches n’ont par ailleurs toujours pas tenu leur engagement de fournir, d'ici 2020, 100 milliards de dollars par an en financement climatique aux pays les plus pauvres.