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Epidémies: l'Afrique sub-saharienne sur tous les fronts

De nombreux pays d'Afrique sub-saharienne, de par leurs climats tropicaux, et la fragilité de leurs infrastructures médicales, connaissent des épisodes épidémiques réguliers: une situation sanitaire délicate aggravée par la propagation du coronavirus, mais à laquelle les spécialistes du continent savent adapter leur réponse.

Le paludisme continue de faire des ravages sur la quasi-totalit&eacute; du continent, la tuberculose et le VIH sont particuli&egrave;rement pr&eacute;valents en Afrique australe, la typho&iuml;de, la rougeole ou le chol&eacute;ra sont end&eacute;miques dans de nombreuses r&eacute;gions, et "la ceinture de la m&eacute;ningite" s'&eacute;tend du S&eacute;n&eacute;gal jusqu'en Ethiopie.&nbsp;
Certains pays, comme la R&eacute;publique D&eacute;mocratique du Congo (RDC) ou le Nigeria sont particuli&egrave;rement expos&eacute;s et font face actuellement &agrave; plusieurs &eacute;pid&eacute;mies graves sur leur sol sans m&ecirc;me tenir compte du coronavirus.&nbsp;
A leur climat chaud et humide propice au d&eacute;veloppement de maladies, s'ajoutent des facteurs aggravants: la n&eacute;gligence des autorit&eacute;s envers leur syst&egrave;me de sant&eacute;, une forte pression d&eacute;mographique, une urbanisation acc&eacute;l&eacute;r&eacute;e et les changements climatiques.&nbsp;
La fi&egrave;vre h&eacute;morragique de Lassa a fait cette pr&egrave;s de 200 morts au Nigeria cette ann&eacute;e pour quelque 5.000 cas suspect&eacute;s: des chiffres qui ne cessent d'augmenter d'ann&eacute;e en ann&eacute;e.&nbsp;
En RDC, Ebola a tu&eacute; pr&egrave;s de 3.000 personnes dans l'est du pays depuis sa d&eacute;claration officielle le 1er ao&ucirc;t 2018.
Depuis janvier 2019, plus de 6.600 enfants sont morts de la rougeole en RDC, et rien que cette ann&eacute;e plus de 50.000 cas ont &eacute;t&eacute; recens&eacute;s, selon M&eacute;decins sans fronti&egrave;res (MSF).&nbsp;

- R&eacute;ponse sanitaire enray&eacute;e -

L'Organisation Mondiale de la Sant&eacute; (OMS) et de nombreuses ONG craignent que l'arriv&eacute;e du coronavirus sur le continent&nbsp;vienne perturber l'acheminement de l'aide m&eacute;dicale, du personnel, ou les distributions de moustiquaires impr&eacute;gn&eacute;es.
L'ONU a annonc&eacute; la semaine derni&egrave;re que le nombre de morts du sida en Afrique australe pourrait d'ailleurs doubler&nbsp;pendant la pand&eacute;mie, passant de 470.000 &agrave; pr&egrave;s d'un million de victimes, si la crise actuelle entravait l'acc&egrave;s aux traitements anti-r&eacute;troviraux.
Les campagnes de vaccination souffrent &eacute;galement de cette nouvelle fragilisation des syst&egrave;mes de sant&eacute;, jusque dans les zones d'habitude plut&ocirc;t &eacute;pargn&eacute;es, mais qui peuvent &ecirc;tre rapidement des foyers tr&egrave;s importants de contamination.&nbsp;
A Lagos par exemple, m&eacute;galopole &eacute;conomique du Nigeria de 20 millions d'habitants, les taux d'immunisation fr&ocirc;lent les 90% de la population, gr&acirc;ce aux campagnes de vaccination massives.&nbsp;
"Mais de nombreux h&ocirc;pitaux ont ferm&eacute; ou les gens ont d&eacute;sormais peur de s'y rendre &agrave; cause du Covid-19", note le Dr Anisur Rahman Siddique, responsable des programmes d'immunisation pour l'Unicef au Nigeria.&nbsp;
"Nous restons tr&egrave;s vigilants" notamment aux foyers potentiels de rougeole, explique-t-il dans une interview &agrave; l'AFP.&nbsp;

- Polio-free -

De nombreux dirigeants sur le continent se sont &eacute;galement inqui&eacute;t&eacute; que l'accent soit "mis enti&egrave;rement sur le Covid-19".
Un d&eacute;put&eacute; angolais a demand&eacute; au gouvernement "d'am&eacute;liorer l'assainissement de base, des actions de fumigation" dans les quartiers pour continuer la lutte contre le paludisme.&nbsp;
Au Niger aussi, le ministre de la Sant&eacute; Illiassou Ma&iuml;nassara a promis la distribution de 8 millions de moustiquaires et que 4,2 millions d'enfants benefieront d'un traitement pr&eacute;ventif cette ann&eacute;e.&nbsp;
Le Nigeria, l'un des derniers pays au monde a avoir pr&eacute;sent&eacute; des cas de poliomy&eacute;lite sauvage ces derni&egrave;res ann&eacute;es avec&nbsp;l'Afghanistan et le Pakistan, devait &ecirc;tre certifi&eacute; "polio-free" en juin.&nbsp;&nbsp;&nbsp;
Mais 2.500 personnels de l'OMS et de ses partenaires au Nigeria, bien qu'ils conservent les activit&eacute;s de surveillance de la polio, ont du faire le "dur choix" d'arr&ecirc;ter les campagnes de vaccination en porte &agrave; porte, d&eacute;j&agrave; mises &agrave; mal par le pass&eacute; par la situation s&eacute;curitaire.
N&eacute;anmoins, gr&acirc;ce &agrave; leur r&eacute;seau &eacute;tabli sur tout le territoire et aux laboratoires sp&eacute;cialis&eacute;s, ils participent d&eacute;sormais &agrave; la tra&ccedil;abilit&eacute; du coronavirus dans les zones recul&eacute;es, des personnes contacts, et au d&eacute;pistage.&nbsp;

- "Train-train habituel" -

Dans ces r&eacute;gions r&eacute;guli&egrave;rement confront&eacute;es aux &eacute;pid&eacute;mies, les m&eacute;canismes de protection des populations et les &eacute;quipes sont d&eacute;j&agrave; bien en place, ce qui repr&eacute;sente une force importante et rapide de r&eacute;ponse.&nbsp;
L'Est du Congo enregistrait une vingtaine de cas de coronavirus &agrave; la mi-mai, mais sa propagation semble ralentie, notamment dans les Kivu, depuis le d&eacute;but de l'&eacute;pid&eacute;mie.&nbsp;
"La riposte contre le Covid-19 &agrave; l'Est de la R&eacute;publique semble avoir port&eacute; ses fruits (...).L'exp&eacute;rience puis&eacute;e contre ebola y est pour beaucoup", pouvait-on lire dans un rapport de conseil des ministres en RDC d&eacute;but mai.&nbsp;
Pour le professeur Christian Happi, directeur de l'Institut pour les maladies infectieuses &agrave; Redeemer's University &agrave; Osogbo (sud-ouest du Nigeria), le coronavirus, c'est le "train-train habituel".&nbsp;
L'Afrique sub-saharienne, dispose de peu de technologies ou de ressources financi&egrave;res, "mais le personnel m&eacute;dical est habitu&eacute;, on conna&icirc;t les gestes barri&egrave;res, il y a moins de panique", affirme l'&eacute;pid&eacute;miologiste.
"Le continent fait preuve de r&eacute;silience dans sa bataille contre le Covid-19", conclue le professeur Happi."Malheureusement, les &eacute;pid&eacute;mies font d&eacute;j&agrave; partie de notre quotidien."
burs-spb/cl/stb

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