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Les Ougandais votent jeudi lors d'élections présidentielle et législatives tendues où le président sortant Yoweri Museveni, depuis 35 ans au pouvoir, affronte l'opposant Bobi Wine, 38 ans, une ancienne star de la chanson surnommée le "président du ghetto".

Devenu d&eacute;put&eacute; en 2017, Bobi Wine s'est impos&eacute; comme le principal adversaire de Museveni, 76 ans, un ancien gu&eacute;rillero qui a dirig&eacute; l'Ouganda sans discontinuer depuis 1986.&nbsp;
Quelque 18 millions d'&eacute;lecteurs sont inscrits sur les listes &eacute;lectorales pour ce scrutin qui vient couronner une campagne &eacute;lectorale bien plus violente que les pr&eacute;c&eacute;dentes.
Des candidats de l'opposition ont &eacute;t&eacute; arr&ecirc;t&eacute;s et emp&ecirc;ch&eacute;s de faire campagne.Leurs supporters ont &eacute;t&eacute; vis&eacute;s par des gaz lacrymog&egrave;ne et parfois par des balles r&eacute;elles.
Journalistes couvrant l'opposition, critiques du r&eacute;gime ou encore organisations d'observation des &eacute;lections ont de diverses mani&egrave;res &eacute;t&eacute; emp&ecirc;ch&eacute;s de travailler, suscitant des craintes pour l'&eacute;quit&eacute; et la transparence de l'&eacute;lection.
Bobi Wine a troqu&eacute; ses costumes ajust&eacute;s et son b&eacute;ret rouge pour un gilet pare-balle et un casque.
La violence, en particulier la mort de 54 personnes tu&eacute;es par la police lors de manifestations en novembre, a intensifi&eacute; les pressions internationales, notamment de la part de Washington.&nbsp;
Loin du tumulte de la campagne pour ses opposants, Museveni&nbsp;a tranquillement sillonn&eacute; le pays coiff&eacute; de son embl&eacute;matique chapeau &agrave; large bord, inaugurant de nouvelles routes, et tenant le d&eacute;compte du nombre de jours le s&eacute;parant de la victoire sur ses posters de campagne.
Pendant son long r&egrave;gne, le dirigeant est parvenu &agrave; fusionner l'Etat avec son parti, le Mouvement pour la r&eacute;sistance nationale (NRM), et &agrave; emp&ecirc;cher toute alternative politique.En 35 ans, il n'a jamais perdu une &eacute;lection.
"Le contexte rend simplement impossible de gagner une &eacute;lection contre Museveni.L'identit&eacute; du challenger importe peu", observe l'analyste politique ougandais Bernard Sabiti.&nbsp;

- Jeune et libre -

Mais l'&eacute;mergence de Bobi Wine, Robert Kyagulanyi de son vrai nom, a &eacute;branl&eacute; le pr&eacute;sident, un des dirigeants africains rest&eacute;s le plus longtemps au pouvoir et qui a vu certains de ses pairs r&eacute;cemment chass&eacute;s par des soul&egrave;vements populaires, entra&icirc;n&eacute;s par la jeunesse.&nbsp;
Yoweri Museveni parle &agrave; un Ouganda rural, plus &acirc;g&eacute;, mais pr&eacute;side aux destin&eacute;es d'une population extr&ecirc;mement jeune - l'&acirc;ge m&eacute;dian est inf&eacute;rieur &agrave; 16 ans - et de plus en plus urbanis&eacute;e et &eacute;duqu&eacute;e.&nbsp;
Elle n'a connu d'autre dirigeant que Museveni et est trop jeune pour s'attacher &agrave; la stabilit&eacute; et &agrave; la prosp&eacute;rit&eacute; relative que le pr&eacute;sident a amen&eacute;es apr&egrave;s les sombres ann&eacute;es Idi Amin Dada et Milton Obote.
De plus, elle peine &agrave; se construire un avenir dans un pays o&ugrave; seulement 75.000 nouveaux emplois sont cr&eacute;&eacute;s chaque ann&eacute;e pour les 700.000 jeunes qui entrent dans le m&ecirc;me temps sur le march&eacute; du travail, selon la Banque mondiale.&nbsp;
Bobi Wine, qui avait trois ans lorsque M. Museveni est arriv&eacute; au pouvoir, promet &agrave; cette jeunesse de mettre fin &agrave; la corruption, responsable selon lui de l'absence de d&eacute;bouch&eacute;s, et de "faire tomber un dictateur".&nbsp;
"Nous voulons du changement.Il n'y a pas d'emplois, pas d'argent, nous ne pouvons pas aller &eacute;tudier et quand nous allons &agrave; l'h&ocirc;pital, il n'y a pas de m&eacute;dicaments", explique Dorah Wasswa, 23 ans, qui vend des produits &agrave; la sauvette dans une rue de Kampala.&nbsp;

- "Gangs criminels" -

L'image, mise en avant par sa campagne, d'un Museveni bienveillant et fringant malgr&eacute; son &acirc;ge - il aime &agrave; faire des pompes en public - n'a pas su dissimuler son courroux face &agrave; Bobi Wine.&nbsp;
Il accuse ce dernier d'&ecirc;tre soutenu par "les &eacute;trangers" et "les homosexuels", et a plus largement sugg&eacute;r&eacute; que ses opposants sont aid&eacute;s par des "gangs criminels".&nbsp;&nbsp;
Face &agrave; Museveni, qui selon les analystes prot&egrave;ge sa mainmise sur le pouvoir par le client&eacute;lisme et la force plus que par la volont&eacute; populaire, l'opposition n'est pas parvenue &agrave; s'unifier et pr&eacute;sente 10 candidats.&nbsp;
Son adversaire historique, Kizza Besigye, qui a perdu chaque &eacute;lection depuis 2001, n'a pas souhait&eacute; concourir une cinqui&egrave;me fois contre lui.&nbsp;
Bobi Wine, candidat sous la banni&egrave;re de la Plateforme d'unit&eacute; nationale (NUP), son parti, a lui aussi fait face &agrave; la brutalit&eacute; des forces de s&eacute;curit&eacute;, qui l'ont accus&eacute;, ainsi que ses supporters d'enfreindre les mesures de lutte contre le Covid-19.&nbsp;
L'Ouganda est confront&eacute; &agrave; une augmentation des infections mais les Nations unies et les d&eacute;fenseurs des droits consid&egrave;rent que ces derni&egrave;res ont &eacute;t&eacute; largement utilis&eacute;es pour emp&ecirc;cher les opposants de faire campagne.&nbsp;
Bobi Wine, qui a envoy&eacute; d&eacute;but janvier ses enfants &agrave; l'&eacute;tranger pour leur s&eacute;curit&eacute;, a d&eacute;clar&eacute; dans une interview &agrave; l'AFP que ses supporters &eacute;taient "pacifiques mais fermes" et a promis des manifestations non violentes si l'&eacute;lection semblait truqu&eacute;e.&nbsp;

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