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"En d&eacute;mocratie, rien ne vaut la pleine l&eacute;galit&eacute; constitutionnelle ainsi que le jeu normal des institutions", a d&eacute;clar&eacute; le pr&eacute;sident Ibrahim Boubacar Ke&iuml;ta il y a quelques jours, s'adressant &agrave; la nation un masque protecteur sur le visage.
Il y va de la n&eacute;cessit&eacute; d'apporter des r&eacute;ponses autres que strictement militaires &agrave; la profonde crise s&eacute;curitaire, politique ou &eacute;conomique que traverse le pays depuis des ann&eacute;es, a justifi&eacute; le chef d'Etat.
Malgr&eacute; l'adversit&eacute;, la majorit&eacute; de la classe politique soutient le maintien de ce scrutin report&eacute; &agrave; plusieurs reprises.
L'enjeu est de taille: renouveler un parlement &eacute;lu en 2013 et dont le mandat devait s'achever en 2018, et faire enfin progresser l'application de l'accord de paix d'Alger.
Celui-ci, sign&eacute; en 2015 entre les groupes arm&eacute;s ind&eacute;pendantistes et Bamako, pr&eacute;voit plus de d&eacute;centralisation via une r&eacute;forme constitutionnelle qui doit passer par l'Assembl&eacute;e.Or la l&eacute;gimit&eacute; du parlement sortant est contest&eacute;e.
Mais comment motiver des Maliens qui remettent en cause la capacit&eacute; de leurs dirigeants &agrave; sortir le pays de la guerre et de la pauvret&eacute; ?

- Menaces jihadistes -

D'abord concentr&eacute;e dans le nord du pays en proie &agrave; des rebellions ind&eacute;pendantistes, la crise a d&eacute;g&eacute;n&eacute;r&eacute; avec l'arriv&eacute;e sur l'&eacute;chiquier sah&eacute;lien de groupes jihadistes &agrave; partir de 2012.
La violence frappe quotidiennement le centre et le nord du Mali et les voisins burkinab&eacute; et nig&eacute;rien.Les attaques contre les soldats et les civils alternent avec les explosions de mines artisanales, les morts se comptent par milliers et les d&eacute;plac&eacute;s par centaines de milliers.Vingt-cinq militaires, selon le gouvernement, ont &eacute;t&eacute; tu&eacute;s entre les deux tours dans une op&eacute;ration revendiqu&eacute;e par un groupe affili&eacute; &agrave; al-Qa&iuml;da.
"Dans le centre et dans le nord, est-ce que les populations pourront voter librement ? Dans le centre, les groupes terroristes sont en train de menacer les populations" pour les dissuader de voter, affirme Ibrahima Sangho, chef de mission de la Synergie, plateforme d'organisations qui d&eacute;ploient des observateurs lors d'&eacute;lections.
Le premier tour du 29 mars a &eacute;t&eacute; marqu&eacute; par des enl&egrave;vements de pr&eacute;sidents de bureau et le vol et la destruction d'urnes.Dans les zones rurales de Tombouctou, les jihadistes ont conduit de nombreux raids d'intimidation &agrave; moto."Ne votez pas ou vous aurez affaire &agrave; nous", disaient-ils en substance aux habitants, selon un rapport interne de l'ONU consult&eacute; par l'AFP.
Un millier de bureaux environ, sur plus de 22.000, n'ont pas ouvert, a admis le ministre de l'Administration territoriale Boubacar Alpha Bah, selon des propos rapport&eacute;s par la t&eacute;l&eacute;vision publique.
Dans certaines r&eacute;gions du nord, le large taux de participation (plus de 85% &agrave; Kidal pour une moyenne nationale de 35,6%, avec des d&eacute;put&eacute;s &eacute;lus avec 91% ou 97% des suffrages) laisse envisager "une possibilit&eacute; de fraude", dit un diplomate sah&eacute;lien.
Dans la capitale, la participation a &eacute;t&eacute; de 12,9%.Ces faibles taux de participation sont dans la norme malienne, rappelle M. Sangho, l'observateur.

- D&eacute;fi sanitaire -

Sur les 147 si&egrave;ges de d&eacute;put&eacute;s, 22 ont &eacute;t&eacute; pourvus au premier tour.
Parmi eux: Souma&iuml;la Ciss&eacute;, le chef de file de l'opposition kidnapp&eacute; le 25 mars alors qu'il &eacute;tait en campagne.A d&eacute;faut de preuve formelle, tous les soup&ccedil;ons p&egrave;sent sur le groupe jihadiste d'Amadou Koufa.Des n&eacute;gociations secr&egrave;tes sont men&eacute;es pour sa lib&eacute;ration, selon son parti.
"Souma&iuml;la Ciss&eacute; est un gros poisson qui pourra &ecirc;tre &eacute;chang&eacute; contre d'autres gros poissons emprisonn&eacute;s", pense Br&eacute;ma Ely Dicko, sociologue &agrave; l'Universit&eacute; de Bamako.
Ce rapt sans pr&eacute;c&eacute;dent n'avait pas dissuad&eacute; les autorit&eacute;s de s'en tenir au calendrier &eacute;lectoral, pas plus que l'officialisation, fortuitement simultan&eacute;e, des premiers cas de contamination par le nouveau coronavirus.La campagne, d&eacute;j&agrave; discr&egrave;te, a d&egrave;s lors disparu des d&eacute;bats, en dehors des affiches qui r&eacute;sistent &agrave; Bamako.
Le Mali a officiellement d&eacute;clar&eacute; 171 patients et 13 d&eacute;c&egrave;s.Ici comme ailleurs, l'inqui&eacute;tude est grande quant &agrave; la capacit&eacute; de faire face &agrave; une prolif&eacute;ration.Un couvre-feu nocturne a &eacute;t&eacute; institu&eacute;, les &eacute;coles ont &eacute;t&eacute; ferm&eacute;es, des restrictions impos&eacute;es aux activit&eacute;s.
Mais dans la capitale d'un des pays les plus pauvres de la plan&egrave;te dont une grande part de la population vit au jour le jour, les march&eacute;s, les mosqu&eacute;es, les transports en commun n'ont pas d&eacute;sempli.
"Ce n'est pas partout que les mesures contre le Covid-19 ont &eacute;t&eacute; appliqu&eacute;es" au premier tour, rapporte M. Sangho.
Le pr&eacute;sident malien a pris l'engagement que "toutes les mesures sanitaires et s&eacute;curitaires requises (seront) rigoureusement appliqu&eacute;es" dimanche.

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