Pour protester contre son incarcération, un poète égyptien cesse de boire

Un poète emprisonné en Egypte pour avoir écrit une chanson satirique sur le président Abdel Fattah al-Sissi et l'armée a cessé de boire, après avoir arrêté de s'alimenter, pour réclamer sa libération, rapportent jeudi des défenseurs des droits humains.

AFRICA RADIO

1er juin 2023 à 14h36 par AFP

Galal al-Behairy avait été arrêté en 2018 pour "injure au président" Sissi, arrivé au pouvoir en 2013. Il avait finalement été condamné la même année par un tribunal militaire à trois ans de prison pour "injure à l'armée". Déclaré libérable en 2021, il avait toutefois aussitôt été placé en détention préventive, légalement limitée à deux ans, cette fois pour "terrorisme" et "fausses informations", explique la Commission égyptienne des droits et des libertés (ECRF), des accusations généralement retenues contre des opposants. Pour protester contre sa détention, M. Behairy a débuté une "grève de la faim le 5 mars" et va "cesser de boire" jeudi, indique Mahienour al-Masry, une avocate qui défend de nombreux opposants. Il a également pris cette décision pour "protester contre ses mauvaises conditions de détention", selon l'ECRF. Le poète est emprisonné à Badr, une prison située à 50 km à l'est du Caire et présentée par les autorités comme un établissement pénitentiaire "modèle". Dans une lettre écrite là-bas, M. Behairy dit être dans une cellule "sans stylo ni papier, avec de la lumière en permanence, et des visites de 20 minutes seulement", rapporte l'ONG. "Je continuerai ma grève jusqu'à ce que je retrouve ma liberté", assure-t-il encore. En 2020, Chadi Habache, le réalisateur du clip de la chanson écrite par M. Behairy, était mort en prison, à l'âge de 24 ans, alors qu'il était en détention préventive. Des militants des droits humains avaient dénoncé des "zones d'ombre" dans les circonstances de sa mort. Un autre détenu politique avait fait les gros titres en refusant de boire durant la COP27 en Egypte fin 2022. Selon ses proches, Alaa Abdel Fattah n'avait ingéré que 100 calories par jour pendant sept mois avant de cesser de boire une dizaine de jours. Il avait finalement recommencé à s'alimenter sans avoir obtenu sa libération. L'Egypte compte 60.000 prisonniers politiques, selon les ONG. Les autorités ont récemment dit avoir lancé un "dialogue national" avec l'opposition mais les militants des droits humains dénoncent une opération de communication.