Tchad : 401 personnes jugées mardi après les manifestations sanglantes du 20 octobre

Quatre-cent-une personnes arrêtées pendant et après les manifestations de l'opposition qui avait fait officiellement une cinquantaine de morts il y a plus d'un mois au Tchad seront jugées mardi, a annoncé le parquet de N'Djamena vendredi.

AFRICA RADIO

25 novembre 2022 à 18h21 par AFP

Les audiences auront lieu à l'intérieur de la prison de haute sécurité de Koro Toro, en plein milieu du désert à plus de 600 km au nord-est de la capitale. Le 20 octobre, des milliers de personnes s'étaient réunies dans tout le pays à l'appel de l'opposition contre la prolongation de deux ans au pouvoir du général Mahamat Idriss Déby Itno, proclamé chef de l'Etat par les militaires le 20 avril 2021 à l'annonce de la mort de son père, le président Idriss Déby Itno, tué au front par des rebelles après avoir dirigé d'une main de fer le Tchad 30 années durant. L'opposition, des ONG locales et internationales, ainsi qu'une partie de la communauté internationale, Union européenne (UE) et Union africaine (UA) en tête, avaient fermement condamné un recours excessif à la violence "contre les civils" dans la répression du mouvement de protestation. Le pouvoir n'a reconnu à ce jour qu'une "cinquantaine" de morts par balles et plus de 300 blessés pour la seule journée du 20 octobre, dont une "dizaine de tués" parmi les forces de l'ordre. Mais l'opposition et des ONG estiment qu'elles étaient bien plus nombreuses. "Les audiences se tiendront du 29 novembre au 4 décembre et permettront de juger les 401 personnes sous le coup d'une procédure de flagrant délit", a précisé à l'AFP le procureur de la République de N'Djamena. Ces dernières sont poursuivies pour plusieurs infractions notamment "attroupement non autorisé", "destruction des biens", "incendie volontaire", "violence et voies de faits" et "trouble à l'ordre public", a précisé le parquet. Quelques jours après les manifestations, les autorités avaient fini par reconnaître l'arrestation de 621 personnes à N'Djamena seule, dont 83 mineurs, tous transférées à la prison de Koro Toro. La secrétaire de l'ordre des avocats au barreau du Tchad, Me Koulmen Nadjiro, a regretté les entraves aux conseils pour accéder au site de Koro Toro, situé à deux jours de route de N'Djamena: "On nous demande d'aller défendre ces jeunes avec nos propres moyens. Ce n'est pas une bonne pratique, c'est une manière de nous empêcher d'aller défendre les innocents", a-t-elle pointé. "Nous attendons que le ministère de la justice fasse le nécessaire et mette à notre disposition des moyens pour nous permettre d'aller défendre nos clients et garantisse notre sécurité", a-t-elle ajouté. Outre les 401 personnes jugées mardi en procédure de flagrant délit, "l'instruction se poursuit pour 220 autres personnes", a précisé le procureur, dont 83 mineurs.