Le Parlement du Burundi a nommé lundi 5 mai une nouvelle commission nationale des droits de l’homme, quelques semaines après l’exil de son ancien président, Sixte Vigny Nimuraba. Le ton du pouvoir est désormais clair : cette nouvelle équipe devra "combattre" les accusations portées par l’ONU.
La nomination intervient dans un contexte de tensions croissantes entre Bujumbura et les institutions internationales. En janvier, la commission précédente – pourtant réputée proche du pouvoir – avait publié un rapport évoquant des centaines de violations des droits humains. Une sortie qui a conduit à des représailles contre son président Sixte Vigny Nimuraba, contraint à la fuite après des accusations de corruption et une perquisition de son domicile par les services de renseignement.
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Une mission politique assumée
Le nouveau président de la commission, Martin Blaise Nyaboho, est un évêque connu pour ses positions virulentes contre l’opposition. Il dirigera une équipe de sept commissaires, désignés après un long débat à l’Assemblée nationale. Plusieurs observateurs dénoncent une équipe sans réelle expertise en matière de droits humains.
Le président de l’Assemblée, Gelase Daniel Ndabirabe, a déclaré que cette nouvelle commission devait avoir pour mission de "faire tomber" Fortune Gaetan Zongo, le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits humains au Burundi, qualifiant ses rapports de "mensongers".
Dans son rapport d’août 2024, M. Zongo avait dénoncé une "impunité généralisée", une hausse des disparitions forcées et des arrestations arbitraires.
Une société civile fragilisée
Pacifique Nininahazwe, un militant des droits de l’homme exilé, a dénoncé une nomination "illégale" en cours de mandat, en contradiction avec la législation burundaise. Il qualifie la nouvelle équipe de "pire jamais mise en place".
Le climat de répression s’intensifie : deux membres de la Commission vérité et réconciliation ont eux aussi fui le pays en février, soupçonnés de "collaboration avec l’ennemi".
Malgré les pressions, les critiques internationales se multiplient sur la gouvernance autoritaire et les atteintes aux droits fondamentaux au Burundi, où les institutions nationales censées les défendre semblent de plus en plus sous contrôle politique.
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