Burundi. Le président de l'Assemblée nationale appelle à "faire tomber" l'envoyé de l'ONU pour les droits de l'homme

Actus. Le Parlement burundais a nommé lundi 5 mai une nouvelle commission des droits de l’homme, dont la mission déclarée serait de s’opposer au rapporteur spécial de l’ONU.

Burundi. Le président de l'Assemblée nationale appelle à "faire tomber" l'envoyé de l'ONU pour les droits de l'homme
Au Burundi, l'envoyé spécial de l'ONU sur les droits de l'homme est la cible du président de l'Assemblée nationale. - Pixabay

Le Parlement du Burundi a nommé lundi 5 mai une nouvelle commission nationale des droits de l’homme, quelques semaines après l’exil de son ancien président, Sixte Vigny Nimuraba. Le ton du pouvoir est désormais clair : cette nouvelle équipe devra "combattre" les accusations portées par l’ONU.

La nomination intervient dans un contexte de tensions croissantes entre Bujumbura et les institutions internationales. En janvier, la commission précédente – pourtant réputée proche du pouvoir – avait publié un rapport évoquant des centaines de violations des droits humains. Une sortie qui a conduit à des représailles contre son président Sixte Vigny Nimuraba, contraint à la fuite après des accusations de corruption et une perquisition de son domicile par les services de renseignement.

Lire aussi. Burundi : un journaliste tabassé par des étudiants, huit médias privés montent au créneau

Une mission politique assumée

Le nouveau président de la commission, Martin Blaise Nyaboho, est un évêque connu pour ses positions virulentes contre l’opposition. Il dirigera une équipe de sept commissaires, désignés après un long débat à l’Assemblée nationale. Plusieurs observateurs dénoncent une équipe sans réelle expertise en matière de droits humains.

Le président de l’Assemblée, Gelase Daniel Ndabirabe, a déclaré que cette nouvelle commission devait avoir pour mission de "faire tomber" Fortune Gaetan Zongo, le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits humains au Burundi, qualifiant ses rapports de "mensongers".

Dans son rapport d’août 2024, M. Zongo avait dénoncé une "impunité généralisée", une hausse des disparitions forcées et des arrestations arbitraires.

Une société civile fragilisée

Pacifique Nininahazwe, un militant des droits de l’homme exilé, a dénoncé une nomination "illégale" en cours de mandat, en contradiction avec la législation burundaise. Il qualifie la nouvelle équipe de "pire jamais mise en place".

Le climat de répression s’intensifie : deux membres de la Commission vérité et réconciliation ont eux aussi fui le pays en février, soupçonnés de "collaboration avec l’ennemi".

Malgré les pressions, les critiques internationales se multiplient sur la gouvernance autoritaire et les atteintes aux droits fondamentaux au Burundi, où les institutions nationales censées les défendre semblent de plus en plus sous contrôle politique.

Newsletter

Restez informé ! Recevez des alertes pour être au courant de toutes les dernières actualités.
Réagir à cet article

L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.

En direct
Les rendez-vous santé
Nos applications
Facebook
Twitter
Instagram
Burundi. Le président de l'Assemblée nationale appelle à "faire tomber" l'envoyé de l'ONU pour les droits de l'homme