Une nouvelle fois, le Met Gala se glisse dans le vestiaire masculin, avec un geste politique, identitaire et esthétique. Le dress code de cette saison appelle les invités à s’approprier le regard de l’autre en basculant les normes. “Tailoring for you” (taillé pour toi), le thème du tapis rouge s'inspire du Dandysme noir. Paré de broderies aux couleurs vives ou obscures, associé à des pièces streetwear ou aux allures androgynes, le dandysme noir contemporain est une narration muette, une ode élégante à la flamboyance.
Le dandysme noir, "une résistance culturelle"
Bien plus qu’un style vestimentaire, il est une “arme silencieuse”, “l’arme des faibles” analyse Monica L. Miller dans son livre “Slaves to Fashion: Black Dandyism and the Styling of Black Diasporic Identity”. “Une forme de résistance culturelle”, ou le vêtement “perme[t] aux marginalisés de commenter leur rapport à l'autorité”. Paru en 2009, son œuvre influence l’exposition de printemps 2025 du Costume Institute du Metropolitan Museum of Art à New York nommée "Superfine : Tailoring Black Style".
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Retour sur le dandyisme noir
Co-commissaire de l’exposition la professeure en études africaines, définit ce style dans la contradiction : le dandy noir “performe la similitude et la différence, la sécurité et le danger tout en racontant une histoire sur soi et sur la société”.
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Il est né durant la période coloniale et esclavagiste entre le XVIIIe siècle et le XIXe siècle. En Angleterre, dans les Antilles ou aux Etats Unis, affranchi, il commence à adopter les codes vestimentaires de l'élite blanche. Des codes qu’il s'approprie en les détournant. Une manière d’affirmer son identité au-delà du carcan racial. Puis le dandy flirte avec les symboles s'inscrivant dans son époque comme le Harlem Renaissance (1920-1930) ou il est une figure d'affirmation culturelle mais aussi de revendication politique avec les Black Panthers (1960-1970).
Aujourd'hui, les dandys avant-gardistes
Son contemporain est un audacieux avant-gardiste. Il joue avec les gardes-robes féminines et masculines pour révéler une identité personnelle. Jupe de bal bouffante ceinturée par une veste de smoking, un look de Billy Porter, devenu emblématique, signé par Christian Siriano lors de la cérémonie des Oscars de 2019. Cette fusion manifeste chez l’acteur et chanteur, une identité queer assumée qui met au défi les normes de genre. D’autres silhouettes tout aussi sophistiquées, comme le musicien Steve Lacy ou le rappeur ASAP Rocky, arborent foulard, pantoufles ou broche perlée. Ils expriment une masculinité fluide et affirmée.
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Un style protéiforme et engagé
Nike aux pieds et costard coloré, Spike Lee apporte vivacité et joie, une véritable célébration. Cet alliage streetwear et haute couture redéfinit les codes vestimentaires en y incorporant une expression identitaire et politique. Le réalisateur rend hommage avec ces tenues à la culture noire, avec ses références à Michael Jordan, Prince ou encore Virgil Abloh.
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En se présentant vêtu d’un long manteau noir aux broderies florales de fil d’or au Met Gala de 2024, Lewis Hamilton associe élégance et mémoire. Dessinée par Burberry, l’étoffe empreinte les codes de l'aristocratie européenne. Son intérieur cache un poème d’Alex Wharton intitulé “ The Gardener”. Le pilote rend hommage à John Ystumllyn, le premier jardinier noir du pays de Galles au XVIIIe siècle.
Rien qu’à travers leurs allures, sans slogan, ces artistes et personnalités reformatent les normes de genres et les attentes culturelles. Sensuels, luxueux et non conventionnels, ils interprètent les traditions et affichent avec fiertés leur identité et leur héritage.
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