Depuis le mardi 12 août, un incendie hors norme dévaste les massifs forestiers de la région touristique de Chefchaouen, au nord du Maroc. Attisées par des rafales de vent puissantes et un relief escarpé, les flammes ont déjà ravagé quelque 500 hectares de forêts et de cultures, selon l’Agence nationale de l’eau et des forêts (ANEF). L’institution parle du plus important feu de l’année dans le pays, avec une propagation qualifiée d’« exceptionnelle ».
Jeudi 14 août au matin, des avions bombardiers d’eau Canadair survolaient encore la zone, larguant des tonnes d’eau pour tenter de contenir l’incendie. Au sol, des équipes d’intervention s’activaient autour de Derdara, l’un des premiers villages touchés. L’atmosphère y est lourde, chargée de fumée et de désarroi.
« Notre vie a basculé. Le feu a tout emporté », témoigne Mohammed Darraz, 32 ans, agriculteur spécialisé dans la culture de l’olivier. Depuis deux jours, il veille sur les rares animaux épargnés, appartenant à un voisin hospitalisé après avoir été légèrement blessé. Trente moutons ont péri dans l’incendie. « Certains animaux ont été brûlés vifs dans leurs enclos. Nous avons essayé de nous entraider, mais avec le vent, c’était presque impossible », raconte-t-il.
Ahmed Benali, 45 ans, un autre agriculteur, partage la même détresse. Ses cultures, unique source de revenus, ont disparu. « On n’a pas d’autres cultures pour vivre… Que peut-on faire maintenant ? », s’interroge-t-il, non loin d’un chien assoiffé errant parmi les débris calcinés.
Selon Abderrahim Houmy, directeur général de l’ANEF, l’ampleur du sinistre est liée à la combinaison d’un terrain accidenté et du chergui, vent chaud et sec venu du Sahara, qui accélère la progression des flammes. Le pays subit en outre une sécheresse persistante depuis 2018, rendant les forêts et les sols particulièrement vulnérables.
Mercredi 13 août au soir, le bilan provisoire faisait état de centaines d’hectares de végétation et de terres agricoles partis en fumée, avec un impact écologique majeur : disparition d’arbres centenaires, perte d’habitats pour la faune locale et destruction de moyens de subsistance pour de nombreuses familles.
Les autorités redoutent que les conditions météorologiques extrêmes ne favorisent de nouvelles reprises. Des zones entières restent sous surveillance, tandis que les équipes d’intervention travaillent sans relâche.
Ce drame s’inscrit dans un contexte plus large de multiplication des feux de forêts autour du bassin méditerranéen. Au même moment, le Portugal, la Grèce, l’Italie et l’Espagne luttent eux aussi contre des incendies dévastateurs en pleine canicule, confirmant la tendance à la hausse des catastrophes climatiques dans la région.
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