Sénégal : des squelettes et des balles exhumés à Thiaroye, dans le cimetière des tirailleurs

Actus. Des archéologues ont découvert des squelettes humains avec des balles dans le corps dans le cimetière de Thiaroye, près de Dakar, où des tirailleurs africains qui réclamaient leurs soldes ont été massacrés par l'armée française en 1944.

Sénégal : des squelettes et des balles exhumés à Thiaroye, dans le cimetière des tirailleurs
Une fresque murale à Dakar sur Thiaroye - Wikimedia commons

"Des squelettes humains ont été découverts avec des balles dans le corps, au niveau de la poitrine pour certains. Les balles (exhumées) sont de calibres différents. Pour le moment, c'est une petite section du cimetière qui a été fouillée", a affirmé à l'AFP la source proche du dossier. Une expertise balistique pourrait permettre de déterminer la nature des balles et des armes utilisées, et des analyses ADN aideront à identifier d'éventuelles victimes inhumées sur le lieu, a ajouté cette source. 

Des fouilles pour élucider le massacre de décembre 1944

Des chercheurs réclament depuis de nombreuses années des fouilles au cimetière de Thiaroye et dans le camp militaire proche où étaient logés les tirailleurs tués, pour compléter les informations sur la tuerie de décembre 1944. Des fouilles archéologiques inédites sont menées depuis début mai dans ce cimetière militaire de Thiaroye, dans la banlieue de Dakar, où des victimes de la tuerie sont présumées avoir été inhumées. Ces fouilles sont menées pour élucider le massacre de décembre 1944, commis sur ordre d'officiers de l'armée française, l'un des pires de la colonisation française au Sénégal et sur lequel subsistent de nombreuses zones d'ombre: le nombre de tirailleurs tués, leur identité, le lieu de leur inhumation.

 

Le gouvernement sénégalais veut connaître la vérité

Le 19 février, le gouvernement sénégalais avait annoncé ces fouilles pour "la manifestation de toute la vérité". Il reproche à la France de dissimuler des faits sur ce massacre, en retenant notamment des documents d'archives permettant de connaître le bilan humain. En avril 2024, les autorités sénégalaises, qui prônent le souverainisme, avaient mis en place un comité de chercheurs qui devait remettre le 3 avril au gouvernement un rapport sur le massacre. Aucune explication officielle n'a été fournie sur les raisons du report de la remise de ce rapport. Fin novembre dernier, le massacre avait été reconnu comme tel par la France, la veille de la commémoration du 80e anniversaire de la tuerie, que le Sénégal a commémorée avec une envergure sans précédent. 

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Le 1er décembre 1944, les forces coloniales françaises avaient massacré des tirailleurs rapatriés des combats en Europe, où la Seconde guerre mondiale faisait rage. Les victimes n'étaient pas seulement des Sénégalais, mais provenaient aussi d'autres pays ouest-africains. Ils réclamaient le paiement d'arriérés de solde. Les autorités françaises de l'époque avaient admis la mort de 35 personnes. Plusieurs historiens avancent un nombre de victimes bien plus élevé, jusqu'à 400. 

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