L’armée malienne a quitté vendredi 6 juin le camp de Boulkessi, l’un de ses principaux bastions militaires dans le centre du pays, à la frontière avec le Burkina Faso. Cette décision intervient après deux attaques jihadistes meurtrières en moins d’une semaine, dans un contexte de recrudescence des violences au Sahel.
Lire aussi : Mali : cinq soldats tués dans une attaque jihadiste contre un poste militaire à Mahou
Le départ des soldats a été confirmé par plusieurs sources sécuritaires et locales. « À la demande de la hiérarchie, les FAMA présentes dans le camp de Boulkessi ont quitté les lieux. Il n’y a plus aucun soldat sur place », a affirmé l’une d’elles à l’AFP.
Deux assauts sanglants en cinq jours
La première attaque, survenue dimanche 1er juin, avait déjà coûté la vie à au moins 30 militaires maliens, selon des sources locales. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda, a revendiqué l’assaut en affirmant avoir tué plus de 100 soldats et mercenaires, et saisi des véhicules, des armes et des munitions.
Une nouvelle attaque jeudi 5 juin a précipité la décision de repli. Un élu local a confirmé que plusieurs militaires y avaient encore trouvé la mort, provoquant le départ précipité des derniers soldats restants. « Ils sont partis avec toutes leurs affaires », témoigne un fonctionnaire de Boulkessi. « Ici, nous sommes très inquiets. »
Une situation sécuritaire de plus en plus volatile
Ce retrait est qualifié de "stratégique" et "tactique" par les autorités militaires maliennes. Mais sur le terrain, il apparaît comme un signe de faiblesse face à l’avancée des groupes jihadistes. D’autant que d’autres attaques ont été signalées la même semaine : à Mahou, dans le sud du pays, une attaque contre un poste de sécurité a fait cinq morts et dix blessés jeudi, et Tombouctou a également été visée lundi.
Face à cette montée de la violence, plusieurs régions ont instauré ou élargi des couvre-feux : Tombouctou (nord), Ségou, Dioïla (centre), Sikasso (sud).
Le Sahel sous tension, malgré l’AES
Le Mali, membre de l’Alliance des États du Sahel (AES) avec le Burkina Faso et le Niger, reste confronté à une insécurité persistante depuis 2012, alimentée par des groupes affiliés à Al-Qaïda ou à l’État islamique, mais aussi par des violences intercommunautaires.
L’état-major malien dénonce une "recrudescence d’attaques lâches et barbares" contre les populations et les forces armées. Pourtant, malgré les discours martiaux, la perte du camp de Boulkessi marque un recul militaire significatif pour Bamako.
Une Tabaski sous le signe de l’inquiétude
Cette série d’attaques intervient alors que les Maliens s’apprêtent à célébrer la Tabaski, l’une des plus grandes fêtes musulmanes. Un moment de recueillement assombri par l’incertitude, dans un pays où l’État peine à contrôler de vastes territoires.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.