Un ressortissant français, directeur de l’ONG INSO au Burkina Faso, a été arrêté fin juillet à Ouagadougou, où il est soupçonné d’espionnage. Plusieurs sources proches du dossier, confirmant une information du Monde, ont indiqué mercredi 3 septembre que cet humanitaire est détenu depuis plusieurs semaines. "Il est bien traité", a toutefois précisé l’une d’elles, ajoutant que son organisation reste "en contact avec les autorités du Burkina Faso" afin d’obtenir sa libération.
ONG sous surveillance accrue
INSO, basée à La Haye, aux Pays-Bas, fournit des analyses sécuritaires aux organisations humanitaires opérant dans des contextes instables. Mais pour les autorités burkinabè, cette activité est perçue comme sensible. "Vu que c’est une ONG qui fait de l’analyse de contexte, la recherche d’informations, elle doit très certainement paraître suspecte aux yeux des autorités locales", a estimé un expert sécuritaire de la région. Le 31 juillet, l’organisation avait d’ailleurs été suspendue trois mois pour "collecte de données à caractère sensible sans autorisation préalable".
Depuis juin, la junte militaire au pouvoir a révoqué l’autorisation d’exercer de 21 ONG et suspendu dix autres associations pour trois mois. Plusieurs voix dissidentes, journalistes et membres de la société civile, ont également été enlevées ou réduites au silence.
Rupture avec Paris et tensions régionales
Arrivé au pouvoir après deux putschs, le régime burkinabè a rompu avec la France, exigeant en 2023 le départ de ses soldats et expulsant plusieurs diplomates. "Tentatives de déstabilisation" et accusations d’espionnage sont régulièrement mises en avant par la junte. Quatre fonctionnaires français avaient déjà été détenus pendant un an à Ouagadougou, avant leur libération en décembre 2024 grâce à une médiation marocaine.
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La méfiance envers INSO s’étend à la région : fin 2024, le Niger avait également interdit ses activités. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger, dirigés par des juntes hostiles à la France, ont créé l’Alliance des États du Sahel. Début août, un autre ressortissant français a été arrêté à Bamako, accusé de travailler "pour les services de renseignement français", une accusation qualifiée de "sans fondement" par le Quai d’Orsay.
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