Budget 2026 : "Avec la crise politique, les entreprises n'investissent plus et les ménages consomment beaucoup moins" selon Anne-Sophie Alsif

Actus. Courant octobre, un budget doit être présenté et discuté au Parlement et adopté d'ici au 31 décembre. Cependant, le gouvernement de François Bayrou pourrait être renversé ce lundi 8 septembre en raison des pistes qu'il a avancées pour réduire le déficit public et qui n'ont pas fait l'unanimité. Anne-Sophie Alsif docteure en sciences économiques et cheffe économiste chez BDO était l'invitée d'Africa Radio ce lundi 8 septembre.

Budget 2026 : "Avec la crise politique, les entreprises n'investissent plus et les ménages consomment beaucoup moins" selon Anne-Sophie Alsif
Le gouvernement de François Bayrou pourrait être renversé ce lundi 8 septembre en raison des pistes qu'il a avancées pour réduire la dette du pays et qui n'ont pas fait l'unanimité

Concrètement, quelles conséquences cela aurait sur les Français, la non-adoption d'un budget ?

La conséquence d'une non-adoption aura surtout un impact financier, puisqu'on n'aurait pas de perspective pour l'année prochaine.
Il risque d'y avoir un impact, notamment sur la soutenabilité de la dette. On va continuer, bien sûr, de payer notre dette, mais on pourrait la payer à un taux plus élevé et donc avoir notre fameuse charge de l'inventaire qui augmente.

Concrètement, ça veut dire pour les Français qu'il y aurait sûrement une baisse de la dépense publique plus importante que prévu.

Aujourd'hui, on paie en France 60 milliards d'euros par an pour payer cette charge de la dette. Si demain, c'est 70 ou 80, il faudra trouver cet argent. Et donc, ça voudra dire sûrement baisser les dépenses, avoir plus de déficit, donc une conséquence très concrète en termes de pouvoir d'achat pour les Français.

Quand François Bayrou présente les pistes pour le Budget le 15 juillet, il tire la sonnette d'alarme en disant qu'il faut faire environ 40 milliards d'euros d'économies, que la dette est de 3 300 milliards d'euros. Il annonce une non-revalorisation des dépenses publiques et des prestations sociales et demande à tous les Français de faire des efforts. Mais qui sont ceux qui peuvent faire des efforts ?

Beaucoup de Français. Avec le Covid, on a fait le fameux « quoi qu'il en coûte ». Et donc, énormément d'argent a été distribué aux ménages et aux entreprises.

On le voit parce qu'on a un taux d'épargne des ménages record, 19 %. On a parlé de plus de 3 000 milliards de dettes française. L'épargne, c'est 6 000 milliards.

Donc, il y a deux fois plus d'épargne que de dette. Et cet argent vient de l'État qui s'est endetté sur les marchés pour le redistribuer aux ménages pour qu'ils consomment. Pareil pour les entreprises, pour qu'elles investissent.

Le problème, c'est qu'avec la crise politique depuis plus d'un an, les entreprises n'investissent plus et les ménages consomment beaucoup moins.

De fait, on a beaucoup moins de croissance économique et donc c'est pour ça qu'on a un déficit qui se creuse. Donc, en effet, comme on a eu ce « quoi qu'il en coûte », il y a des réserves pour faire des efforts, d'où le plan du gouvernement.

Parmi les propositions de François Bayrou, il y en a une qui a fait jaser tant dans le patronat que dans la société, c'est la suppression de deux jours fériés. Économiquement parlant, quel impact ça aurait eu ? Ça permet de faire des économies, toujours, puisqu'en effet, cet argent irait à l'État.

On chiffre entre 1 et 3 milliards de recettes supplémentaires. Bien évidemment, ça permet toujours d'avoir plus de recettes dans un mois de mai, en effet, où il y a déjà beaucoup de jours fériés.

Après, bien sûr, ce n'est pas ça qui va régler le problème de la dette et de l'endettement, c'est plutôt cosmétique. Mais c'est un moyen pour l'État de retrouver un peu d'argent dans un mois où, en effet, il n'y a pas beaucoup de jours travaillés.

Certains disent que c'est plutôt une décision politique

Oui, c'est vrai qu'en France, on a un taux d'emploi qui est plus bas que nos partenaires européens. Mais ce n'est pas parce que les Français travaillent moins, c'est parce qu'on a un taux de chômage plus élevé chez les moins de 25 ans et notamment chez les plus de 55 ans.

Donc, on a en effet un taux d'emploi plus faible. Plus vous avez un taux d'emploi faible, moins vous avez de gens qui cotisent. Et donc, c'est pour ça qu'en effet, on a un décalage, notamment par rapport aux pays européens.

Sur les jours fériés, en effet, ça va rapporter un petit peu, mais ce n'est pas du tout ça qui va régler les problèmes de déficit. Donc, c'est en effet plus politique qu'économique.

 

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