Renaud Agbodjo, un poids lourd de l'opposition, s’est vu refuser l’entrée dans la course à la présidence pour le scrutin d’avril prochain. L’élection présidentielle au Bénin risque donc de se tenir sans le principal parti d’opposition : la Cena, la Commission électorale nationale autonome, a rejeté la candidature de Renaud Agbodjo, une décision qui ouvre une voie royale à la majorité au pouvoir. Une décision qui profite au candidat de la majorité présidentielle, le ministre des Finances Romuald Wadagni, qui est, lui, qualifié.
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La candidature de Renaud Agbodjo a été rejetée faute d’un nombre suffisant de parrainages, précise la Cena dans un communiqué. L'avocat de 43 ans avait été désigné à la mi-octobre par son parti Les Démocrates, après plusieurs jours de tractations et une longue nuit de discussions. Patrice Talon, au pouvoir depuis 2016, arrivera en 2026 au terme de son second mandat, le maximum autorisé par la Constitution.
Quels étaient les critères de sélection ?
La liste définitive des candidats, après d’éventuels recours devant la Cour constitutionnelle, sera connue le 31 octobre. Pour être qualifié, il faut obtenir 28 parrainages d’élus, selon le code électoral. Les Démocrates comptant exactement 28 élus, une seule défection dans leurs rangs pouvait donc entraîner l’invalidation de la candidature de l’opposant.
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Selon la Cena, le parrainage du député Michel Sodjinou a été "déclaré invalide". Ce dernier avait affirmé la semaine dernière ne pas reconnaître le "processus de désignation" du candidat de son parti et avait dénoncé "une mise en scène". Il avait saisi le tribunal de Cotonou, qui a annulé son parrainage. Les Démocrates sont le parti de l’ancien chef de l’État Boni Yayi (2006-2016), qui ne peut plus se présenter, ayant dépassé la limite d’âge de 70 ans.
Qui reste-t-il ?
Outre Romuald Wadagni, un opposant dit "modéré", Paul Hounkpè, du parti des Forces Cauris pour un Bénin émergent (FCBE), est également qualifié. Au total, trois candidatures ont été rejetées : celles d’Anatole Jackson Prince Ouinsavi, d’Élisabeth Agbossaga et de Renaud Agbodjo. Deux ont été retenues, dont celle de Romuald Wadagni, ministre des Finances de 49 ans, pressenti pour succéder au président Patrice Talon.
Personnalité centrale du gouvernement, Romuald Wadagni est considéré comme l’un des principaux artisans de la réussite économique du Bénin, qui affiche une croissance robuste depuis une décennie, régulièrement au-dessus de 6 %, et qui a récemment obtenu des notations favorables des agences internationales.
Accusation d'autoritarisme
Lors de la précédente élection présidentielle en 2021, Patrice Talon avait été réélu avec plus de 86 % des voix, après des tensions avec l’opposition.
La plupart des grandes figures de l’opposition n’avaient pas été autorisées à se présenter, et des violences avaient éclaté, notamment dans le centre du Bénin, région natale de Boni Yayi.
S’il est salué pour le développement économique du Bénin, Patrice Talon est régulièrement accusé par ses détracteurs d’avoir opéré un virage autoritaire dans ce pays autrefois cité comme un modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest.
Avec l'AFP
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