Tchad : l’opposant exilé en France Makaila N’Guebla porte plainte à Paris contre les autorités de N’Djamena

L’opposant tchadien Makaila N’Guebla, installé en France, a annoncé samedi 20 septembre avoir saisi le procureur de la République de Paris. Sa plainte vise directement le président tchadien Mahamat Idriss Déby et plusieurs responsables des institutions de N’Djamena, qu’il accuse d’abus de pouvoir et d’atteintes aux droits fondamentaux.

Déchéance de nationalité

Le 17 septembre, un décret présidentiel a déchu de la nationalité tchadienne deux activistes exilés en France : Makaila N’Guebla et Chafardine Galmaye Saleh, fondateur du blog Tchad One, très suivi par la diaspora. Le texte officiel les accuse d’hostilité envers le régime et d’« intelligence avec des puissances étrangères ».

Selon l’opposant, cette décision viole la Convention de l’ONU relative à l’apatridie, ratifiée par le Tchad. « J’ai déposé plainte devant le tribunal de Paris car la juridiction française a une compétence universelle », a-t-il expliqué.

Une opposition ancienne au clan Déby

Makaila N’Guebla est une figure de l’opposition tchadienne depuis les années 2000. Critique d’Idriss Déby Itno, il s’était déjà exilé en France avant d’être brièvement intégré à la présidence sous le régime de transition dirigé par Mahamat Déby, fils du défunt président. Rapidement en rupture, il avait repris ses critiques contre le pouvoir et s’était installé durablement en France.

Son co-destitué, Chafardine Galmaye Saleh, reste très actif en ligne et dénonce régulièrement la gouvernance tchadienne via son blog.

Un climat politique sous tension

Mahamat Idriss Déby, proclamé président de transition en avril 2021 après la mort de son père au front, a été élu chef de l’État en mai 2024 lors d’un scrutin contesté et boycotté par une partie de l’opposition.
Cette nouvelle affaire de déchéance de nationalité illustre la répression croissante visant les voix dissidentes, en particulier au sein de la diaspora.